Après 3 films nous emmenant dans le quotidien de gangsters américains et axant son travail sur des dialogues « du quotidien » suivi ensuite d’une pause de 6 ans, Tarantino amorce un virage à 180 degrés.
Ici la place n’est plus aux dialogues, mais à l’action, à la vengeance.
Dans une scène d’intro des plus glaçante, à travers quelque lignes de dialogue, le visage de @;/€;@( ensanglanté, un coup de feu, Tarantino nous introduit la cruauté et la domination de Bill, représentation d’une forme de masculinité toxique, qui, durant l’ensemble du volume 1, n’aura jamais le droit à son moment dans le cadre.
Car ici la place est aux femmes. Tarantino transcende les figures féminines du cinema patriarcale (la femme au foyer, l’infirmière, l’écolière) pour en faire de véritables guerrières débordant de puissance, des machines à tuer.
Les hommes au contraire seront représentés à travers un sexisme omniprésent, passant des réflexions sexistes du shérif devant un cadavre, aux viols de Buck et chef Matsumoto. Le seul qui échappera a cette caractérisation sera Hanzo, d’ailleurs le seul réussissant à instaurer des moments de dialogues dans le récit, comme une lueur d’espoir au milieu de ce récit macabre. La destruction de cette masculinité est d’ailleurs illustrée lors de la destruction du sabre dans ce qu’il a de plus phallique d’un des jeunes membres des crazy 88, suivi d’une humiliation infantilisante.
Les destins de O-ren et de @;/€;@( sont étroitement liés. Dans l’une des plus belles séquences qu’il n’ai jamais filmé, Tarantino iconise telles deux figures divines ces deux femmes qui ont toujours du se battre face aux hommes. Aujourd’hui l’une d’elle perdra la vie, encore une fois à cause d’un homme. Le respect mutuel, l’intensité et la poésie qui se dégage de cet affrontement est immense.
Sous forme d’hommage, Tarantino s’approprie les codes de différentes formes de cinéma japonais, du live action à l’animation, et y ajoute des éléments inhérents à son cinéma (le chapitrage, l’importance de la BO …) pour nous livrer une fable féministe aussi sublime dans sa forme que cruelle dans son fond.
Une œuvre majeur du cinéma contemporain.