En général, les cinéphiles de tout poil qui apprennent que je déteste Kill Bill tirent une tronche de trois pieds de long en m'assénant un : " Quoi t'aimes pas Kill Bill ? Mais ce film c'est trop une tuerie totale, c'est de la bombe de balle, faut pas le prendre au sérieux tu sais ! "
Or il n'en est rien. Le fait que j'aime Kill Bill ou non n'a rien à voir avec sa valeur intrinsèque : ce film est de la merde en tube. Quand à le prendre au sérieux, c'est ce que je fais systématiquement, qu'on regarde Hot Shots 2 ou La Chambre du Fils...
Ce n'est pas parce que le CONTENU du film n'est pas sérieux que l'artisan derrière l'œuvre peut se permettre de montrer son cul à tous les passants.
Kill Bill ne commence pourtant pas si mal...
Je suis personnellement très friand des genres auxquels Tarantino s'attaque, et en entrant dans la salle, j'ai tendance à lui faire une plus grande confiance pour les respecter que disons... les frères Wachowski.
Aussi, en voyant ce début aussi prometteur que déviant ( violer les commateuses, mmh quel régal ! ) je me dis qu'il y a matière à foutre un bon coup de pied au cul aux frères Wachowski, mais aussi à aboutir à un film qui vaut le coup d'œil.
Sauf que ( on commence par un " sauf que ", mais vous allez voir que dans deux paragraphes on en sera à " Nom de Dieu c'est quoi ce bordel ? " ) le film n'est pas franchement réussi. En touche-à-tout complètement puceau, Tarantino ne semble pas se rendre compte, par exemple, que ses actrices ne savent pas se battre. Du coup, la scène de Kung-Fu Comedy avec Vivica A. Fox est complètement ratée, et me fait dire que si la vertu du plan large est complètement perdue dans les combats hollywoodiens, c'est que les acteurs de là bas ne savent tout simplement pas se battre, et que si on le montre, bah ça se voit !
Et je m'interroge sur ce qui a bien pu arriver sur le plateau de tournage...
" Coupez ! Elle est bonne ! " QUOI ? Comment ça elle est bonne ? T'as bien regardé, mon couillon ? Elles ne savent pas se battre !
Bon je suis le film bon an, mal an... La scène de manga à la Bill-Plympton-meets-Satoshi-Kon m'est sympathique, mais sans aucune allure... J'aime bien la scène de dialogue avec Sonny Chiba ( " vous aimez les sabres Japonais et moi j'aime le base-ball " en substance... Tout ce sous-texte sur l'exotisme est franchement pas mal. ) Et ensuite le film se déplace à Tokyo et à partir de là, plus rien ne marche, et je crie :
Nom de Dieu c'est quoi ce bordel ? Jusqu'à présent, Tarantino se servait du vivier de films qu'il avait vu pour y injecter de sa sauce, et voir si ça prend... Mais jamais il ne dénaturait le genre, ni ne le mettait à mal !
Là on va vers le film de Yakuza, et c'est quoi ? une poignée de connards qui sont pétés de rire pour aucune raison autour d'une table, et y'en a un qui fait la tronche... alors on lui coupe la tête, et c'est reparti ! Bwahahaaa ! Quelle grosse poilade ! Ensuite ils sont sérieux comme des papes dans les couloirs de leur bar préféré, sur la musique de Another Battle ( que vous les jeunes appelez " Téléfoot " ) Et hop ils s'enferment dans leur loge... Et là rebelote ! ils sont cassés de rire pour rien ! " Hahahah ! on leur à bien fait peur aux tenanciers !! Hahahaa ! C'est parce qu'on est des Yakuzas ! Hahahaa ! "
Or, puisqu'il est allé choper ces musiques, je SAIS qu'il les as vu, Quentin, les films de Yakuzas... Et c'est pas ÇA !
Toute cette séquence pourrait n'être qu'une affreuse faute de goût au milieu d'un film brinquebalant, mais la suite est encore pire.
Il y a un combat à 1 contre 88 ( qui n'ont de 88 que le nom, on apprend dans le volume deux ) complètement illisible est mal foutu ( qui est un peu mieux dans la version uncut du japon, parce que certains plans qui avaient été coupés à cause de leur " violence extreme " étaient nécessaires à la compréhension de la géographie... ) qui stipule quand même un point précis : quand deux lames de Katana s'entrechoquent, celle qui est dans les mains de celui qui ne sait pas s'en servir vole en éclat, surtout face à une lame faite par Sonny Chiba.
Là dessus, on arrive au duel final.
Petite parenthèse aux néophytes : dans un Chambara, en cas de duel il n'y a pas deux alternatives...
Un des adversaires attaque. Si son attaque porte, il est immédiatement victorieux, car l'autre est mort avant que j'ai pu finir d'écrire cette phrase.
Si son attaque échoue, alors c'est lui qui est mort, tranché en deux.
Aussi, un combat qui durerait plus de 5 secondes serait un combat long et intense !
Or, puisqu'il est allé nommer Sonny Chiba "Hattori Hanzo" , je SAIS qu'il les as vu, Quentin, les films de Chambara... Et c'est pas ÇA !
Dans Kill Bill, le combat final montre deux pétasses, qui n'ont manifestement jamais tenu dans leurs mains un objet métallique de plus de 25 centimètres, viser précautionneusement l'épée de l'adversaire une bonne quarantaine de fois avec des grands " Djzings ! Djzings ! " comme dans un Jean Marais des années 60...
Sans qu'aucune des deux lames ne se brise, en plus.
Je me lève de mon siège ! Je crie : " N'importe quoi !! " Ma femme me rassied et me calme.
Je ne conteste pas le caractère grand guignol de son entreprise. Je vois bien qu'il a fabriqué un fourre-tout jouissif. Mais là Quentin Tarantino montre un tel manque de respect pour les genres que ça en devient inepte.
Voici un comparatif video stupide et non-exhaustif :
http://www.dailymotion.com/video/xdzsg8_kill-bill-fait-mal-au-cul_shortfilms
La suite au Prochain Volume.