Ode à l'inspiration.
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Adaptation de l'ouvrage Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines écrit à quatre mains par Jack Kerouac et William S. Burroughs en 1945, mais publié en 2008 seulement, Kill Your Darlings met en scène les prémices de la Beat Generation à l'université de Columbia où se rencontrèrent Ginsberg, Carr, Burroughs et Kerouac. Doté d'un thème pourtant intéressant, le film de Krokidas est un beau gâchis.
En effet, j'ai trouvé le film bâclé sur plusieurs points. Krokidas décide de suivre en particulier Allen Ginsberg et nous immisce dans sa vie familiale dont nous ne saurons finalement pas grand chose. C'est à mes yeux le défaut majeur du film: les relations entre les personnages sont expédiées. Quels sont les rapports entre Allen et son père ? Allen et sa mère ? Entre les parents ?
Même problème avec le cercle d'amis à l'université. Comment se créent ces liens d'amitié ? Tout est si soudain, un jour ils se rencontrent et le suivant ils enclenchent un nouveau mouvement sans qu'on ne saisisse comment on est passé de l'un à l'autre. La conséquence directe est qu'on regarde tout ça d'un œil extérieur. Le spectateur que je suis se sent finalement peu concerné par les enjeux et le destin des différents personnages et j'ai regardé le tout avec détachement. Un peu d'approfondissement aurait été bienvenu, nécessaire même.
Le deuxième point bâclé à mes yeux est le traitement réservé à la Beat Generation. Considérée comme le mouvement qui a permis la libération sexuelle, qui a influencé Mai 68, l'opposition à la guerre du Vietnam et les mouvements hippies de la deuxième moitié des années 1960, on pourrait à juste titre en espérer une certaine glorification. Au contraire, Krokidas rend cette 'génération' détestable, présentant ses membres comme des fils de bourgeois profitant de leur confort de vie pour mettre en marche une 'révolution' qui consiste à sécher les cours, à se droguer et à déclamer des phrases qu'ils ont écrites eux-mêmes en petit comité comme si elles avaient une portée mondiale.
A titre de comparaison, les membres fondateurs de la Beat Generation ressemblent ici à des étudiants en école d'arts d'aujourd'hui. Si, vous savez, ceux qui écrivent sur des blogs qu'il faut trouver un modèle alternatif à la société de consommation parce que c'est mal, blogs qu'ils rédigent depuis leur MacBook, assis sur le canapé de leur appartement situé en hyper centre-ville et dont le loyer est payé par Papa et Maman alors qu'ils ont 27 ans.
C'est donc du gâchis, car en plus d'être composée d'auteurs talentueux et anticonformistes, la Beat Generation comptait parmi ses piliers Jack Kerouac, dont les origines étaient plutôt modestes.
Le film n'est toutefois pas une catastrophe. Bien que bâclée, l'histoire a un regain d'intérêt dans sa deuxième partie et permet également de faire la lumière sur le cas de Lucien Carr qui permit la rencontre de ces futurs illustres auteurs. Si certains faits sont contestés par sa descendance (en même temps c'est normal, il n'a pas le beau rôle), on apprend quelques anecdotes intéressantes.
A ce titre, la révélation du casting n'est autre que l'acteur incarnant Lucien Carr: Dane DeHaan. En effet, il exerce sur le spectateur la même fascination que sur les autres personnages. Ouvertement manipulateur, doté d'une attitude de fieffé connard, il suscite pourtant l'intérêt de tous et c'est son parcours qui attise notre curiosité, reléguant les figures connues au second rang, les autres acteurs n'apportant rien sans être mauvais.
Même si tout n'est pas à jeter, on peut clairement se dispenser de Kill Your Darlings. S'il est louable de vouloir mettre en lumière la genèse de la Beat Generation, le travail est bâclé et on ne peut qu'espérer qu'un autre réalisateur se penche sur le sujet avec plus de sérieux et de talent.
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le 3 mars 2015
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