Très franchement, en terme de film Hong-Kongais, on est dans du classique.
Une histoire de tueurs, qui sont des amis d'enfance, se considérant comme frères...
Ils vont affronter un autre gang, des trahisons, des dilemmes, des flics, des tensions entre eux...
Et quand on a l'habitude du cinéma HK, face à un film dans ce genre il faut impérativement un petit grain de folie afin que le film ait son identité à lui.
Killer n'a aucune identité.
Il n'est donc pas vraiment mauvais. Mais je ne peux pas dire qu'il soit bon non plus.
Il ne se détache jamais d'un scénario qu'on a déjà vu 1001 fois ailleurs.
Les rebondissements n'en sont pas, car ils sont prévisibles.
On franchit les étapes sant intérêt, comme si on cochait un à un les cases du cahier des charges "film de frères gangsters à la HK".
Le fait que le film suive un schéma bien connu n'est pas le problème.
Le souci réside dans le fait qu'il ne tente rien de plus.
Les personnages sont des fonctions, on sait qui va mourir, qui va trahir, qui va faire quoi.
Ce qui est dommage, car les acteurs sont bons, et charismatiques.
Mais on s'attarde à peine sur eux, et la relation qu'ils entretiennent.
Donc les 4 frères d'arme semblent juste être des collègues, leur amitié sonne faux, on y croit pas.
Idem pour les méchants, qui sont des méchants. Voilà.
Ils sont violents, sadiques, ils jouent la diplomatie pour mieux faire des coups de pute derrière. On connaît.
Et les flics...n'en parlons même pas. Aucun flic fort, aucun personnage qui revient et sur lequel on s'attarde afin de nous donner un point de vu plus concret et du bon côté de la loi.
Les flics sont juste bons à apparaître ici et là, pour que les héros s'enfuient et ne s'attardent pas sur les scènes de crime.
Donc niveau personnages, c'est raté. C'est simple, trop simple, trop plat.
Pourtant j'aime bien Jordan Chan. J'aime son air coincé et sérieux, qui convient bien au rôle de la tête pensante plus réfléchie et pleine de remords.
Idem pour Yoyo Mung qui a un charme fou et qui inspire une tristesse ultra touchante.
Et Kenneth Tsang, toujours admirable en patriarche beaucoup trop calme.
Je devine le rôle qu'ils doivent jouer dans le récit (étant donné que ce sont des recalques d'autres œuvres du genre) mais ils n'ont aucun développement. Et c'est bien dommage.
Les scènes d'action m'ont pas mal dérangées aussi.
Déjà il y en a 3 ou 4. C'est tout. Et elles sont très expéditives.
En fait il ne s'agit pas de combats, mais d'exécutions.
La tension est présente tout de même, car on assiste à un meurtre.
Mais pas d'affrontement à proprement parler, même contre le gang adverse.
La menace semble donc finalement assez vaine..
Il y a aussi une course poursuite contre la police. Et elle est navrante.
A la fin on s'attend à un accident vu comment la caméra filme la scène, mais en fait non, la voiture s'arrête, et c'est fini.
L'action et donc assez décevante, car le film semble prendre plaisir à nous faire suivre 4 tueurs, qui finalement ne côtoient pas la violence plus que ça.
Et puis qui dit violence dit cul.
Qu'est ce qu'il y a comme scènes de sexe dans ce film...
Et c'est constamment gras et racoleur.
On nous impose du cul sans arrêt, jusqu'à en avoir marre.
D'autant que ces scènes n'ont aucune utilité, sinon être faussement sulfureuses.
On a même une scène de viol. Mis en scène sans aucun talent, sans aucune pertinence.
Le film semble avoir mis cette scène pour s'imaginer être un film sérieux et sombre.
Sauf que ça pue l'opportunisme et la prétention. N'est pas dark qui veut.
Donc le film se la joue subversif et veut être implacable, mais est incapable de nous faire ressentir la moindre peur, le moindre dégoût.
Juste pour la forme quoi. Comme s'ils nous balançait des phrases du genre "femme qui se fait violer", "du sang par terre", "main tranchée", "grosse baise dans les chiottes"..
Bha ça marche pas comme ça en fait. Ça fait juste petit ado tête à claques qui essayent d'être le rebelle du collège.
En réalité, de façon générale le film se prend beaucoup trop au sérieux.
Il s'imagine sans doute être un film amateur subversif. Parce qu'il met du cul, et des vaines tentatives de violence (un pistolet à air comprimé dans le cul, c'était plus ridicule qu'autre chose).
Mais le tout semble si forcé. Et tellement pas adapté.
On a l'impression que le réal a envie de mettre des scènes sans leur donner de sens, d'impact. Pour les moments de violence comme pour tout le reste d'ailleurs.
On montre à peine la douleur d'un viol. On ne rend pas l'acte terrifiant et immoral, on s'en sert juste pour montrer que le méchant est méchant.
On montre à peine la douleur que c'est que de perdre un frère (de toute façon c'était le plus effacé du groupe), on se sert juste de sa mort pour faire avancer le récit.
Comment faire croire à une amitié entre les personnages sans moment de complicité ?
En fait tout est creux. Prémâché.
On a l'impression d'un film qui veut être autre chose qu'un film de gangster, mais sans savoir comment faire.
Et qui en devient donc un simple ersatz.
On peut tout de même souligner de très très rares effets de montage sympas. Notamment des raccords dans l'axe, ou des moment accélérés qui passent bien. Ils n'ont pas vraiment de sens et sont utilisés un peu n'importe comment par contre.
Mais c'est uniquement durant ces moments là qu'on a une vague impression de créativité.
Personnellement, de ce film je retiendrai la classe de Tsang (ça va de soi).
Sa musique, que j'aime pas beaucoup mais qui m'a marqué (et qui me fait pas mal penser à celle de Made in HK).
Et ses très rares idées de montage, seuls passages inspirés.
Dans l'ensemble Killer (même le nom est simpliste au possible...) est un divertissement banal.
Ni bon, ni mauvais.
Qui laisse assez indifférent il faut bien l'avouer.
Juste classique et donc chiant.
C'est donc un parfait 5 de la neutralité.
Pas scandaleux, pas foiré. Simplement fade.