Pas de révélation, mais l’excellence et une certaine dose d’originalité. Killing Angel est un polar anglais très cru, du canadien Paul Sarossy, directeur photo signant là son premier et à ce jour son seul film en tant que réalisateur.
L’action se déroule autour d’un tueur à gages cherchant une porte de sortie. Il reste sous l’emprise de son employeur, un homme vivant dans son monde propre, un univers cynique et sordide mais codifié qu’il s’est fabriqué, entre l’arrière-monde et le soutien de contacts bien placés. Et il y a le monde qu’il veut atteindre, le monde commun, la réalité terne des quidam, qu’il aime côtoyer pour garder ancrage et raison. S’il pouvait y passer avec l’amour pour le supporter, cet avatar qu’il méprisait jusqu’ici, ce serait l’état de grâce.
Killng Angel se distingue par son excellente mise en scène. Il est doté d’une très belle photographie, d’éclairages expressionnistes quelquefois à la lisière du fantastique. Les flirts récurrents avec l’étrange, un peu à la Lost Highway, ne s’épanouissent pas totalement, la faute à une histoire conventionnelle en dépit de tout. Killing Angel n’en demeure pas moins une expérience passionnante où se pressent conflits de loyauté, éveil du désir, du sentiment d’exister et combat éperdu pour sortir de l’enfer.
Nous sommes pressés à réfléchir selon un cadre où l’éthique est marginale. Pour renaître avec sa compagne, la sécurité avec laquelle doit rompre Jon, c’est celle du crime. C’est de surcroît sa vocation et son domaine de maestria, plus seulement une simple profession alimentaire. Quand à son employeur, sa morale excentrique et malsaine se justifie parce qu’elle ne regarde qu’elle-même. Et elle broie celle de Jon, simple mais intenable, elle, car lui n’est pas encore résigné à une mystique morbide.
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