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Critique originellement publiée sur le Journal d'Emmessem. Je ne sais pas quoi dire sur Kin : Le Commencement. Ca m'emmerde, parce que je l'ai vu en avant-première et j'aime bien rédiger un petit...
le 29 août 2018
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L'affiche, la bande-annonce... A priori, ça en a toutes les caractéristiques évidentes et pourtant, non, "Kin : Le Commencement" n'est pas une nouvelle adaptation d'un best-seller de la littérature SF young adult. En réalité, il s'agit de la version longue d'un sympathique court-métrage, "Bag Man", où un adolescent séchait les cours avec un sac contenant une mystérieuse arme futuriste. Format court oblige, à part la voir en action contre des petites frappes, aucune explication n'était donnée quant à son origine ou comment elle s'était retrouvée entre les mains du jeune garçon. On ne s'entretuait pas forcément pour avoir des réponses à ces brûlantes questions mais, apparemment, ses réalisateurs Jonathan et Josh Baker ainsi que "les producteurs de "Stranger Things" et le studio de "Seven Sisters"" (dixit l'affiche, dans le genre tagline racoleuse...) ont jugé bon qu'il y avait matière à développer un long-métrage autour de ces interrogations. Soit, voyons ça, alors...
Se dotant d'un contexte réaliste plutôt bienvenu d'Amérique en crise, "Kin : Le Commencement" s'ouvre avec le triste quotidien élargi du jeune héros du court-métrage. Malgré un père adoptif (Dennis Quaid) qui tente de le garder dans le droit chemin, Elijah (Myles Truitt) n'a pas d'autres choix que de s'adonner à la revente de métaux trouvés dans des bâtiments désaffectés pour se faire un peu d'argent de poche. Un jour, il découvre à l'intérieur de l'un d'eux ce qui ressemble à une scène de fusillade entre des soldats équipés d'une très haute technologie, il décide de récupérer une arme laissée au sol et de la ramener chez lui.
En parallèle, son grand frère Jimmy (Jack Reynor -imaginez un Matt Pokora qui aurait abusé de cheeseburgers) sort de prison après une peine de six ans pour des petits larcins et regagne la demeure familiale. Problème, il revient avec le poids d'une dette de 60 000 dollars sur les épaules envers un gangster local (James Franco en mode... James Franco au carré) qui a assuré sa protection lors de son séjour sous les verrous.
La concomitance de tous ces évènements va déboucher sur un terrible drame amenant les deux frères à prendre la fuite -avec évidemment la fameuse arme- alors qu'une double menace et la révélation d'un lourd secret se profilent à l'horizon...
Comme rappelé en préambule, "Kin : Le Commencement" n'est donc pas une adaptation d'un énième bouquin de SF adolescente, cela se ressent sur pas mal de points (pas de romance dégoulinante et inutile, un cadre contemporain où la SF joue un rôle majoritairement accessoire avant de révéler sa teneur, etc) mais il en a néanmoins un des plus grands défauts qui gangrène ce genre de long-métrage: celui d'être envisagé avant tout comme un potentiel premier film d'une franchise.
Avec cette optique sciemment choisie, "Kin : Le Commencement" se tire une bonne rasade de son étrange canon laser dans le pied en respectant à la lettre le formatage complet que cela induit. Le film suit en effet un chemin parcouru maintes et maintes fois pour installer les événements qui conduisent à la formation de son trio de héros (les deux frères sont rejoints en cours de route par une strip-teaseuse interprétée par Zoë Kravitz, il y a pire comme acolyte), tout ça dans le but de retarder au maximum son climax où les scènes d'action se disputeront forcément aux révélations en vue d'installer les perspectives d'une suite. Du coup, passée l'exposition et pendant la majeure partie du temps, l'espèce de suspense voulu autour de la fuite en avant du grand frère face à son cadet et plus globalement devant leurs poursuivants ne prend pas vraiment (le film a d'ailleurs un coup de mou assez monumental à mi-parcours) et cette phase d'apprentissage de ses personnages, dans tous les sens du terme, ne semble être là que pour temporiser dans l'attente de l'inévitable conclusion de toutes ces péripéties avant d'envisager les épisodes suivants.
Au-delà de cette approche de début de saga qui handicape fortement l'enthousiasme que l'on peut avoir pour "Kin : Le Commencement", sur le fond, le film ne propose pas vraiment une intrigue révolutionnaire en singeant "Terminator 2" (il ne s'en cache pas avec son énorme clin d'oeil) mais il le fait néanmoins de manière plutôt plaisante, ménageant surtout efficacement une certaine attente autour des propriétaires de la fameuse arme (même s'y aura pas grand chose d'étonnant dans toute cette affaire au final). Si l'on excepte la faiblesse de ses enjeux de départ (à part l'arme en forme d'intruse, la mise en place est archi-prévisible pour conduire à ce schéma de poursuite perpétuelle dans lequel s'inscrit le film ), à l'arrivée de leur résolution, "Kin" offre une dernière partie convaincante, construisant bel et bien des ponts pour l'avenir mais n'oubliant pas d'offrir un affrontement spectaculaire où tous les forces en présence se retrouvent enfin. En faisant fi de quelques facilités (le commissariat le plus faiblard des USA), cette dernière demi-heure réussit effectivement à rassasier notre impatience désespérée de confrontation en faisant évidemment jouer de la gâchette à la fameuse arme et en tenant ses promesses de révélations. L'ensemble apparaît tout de même faiblard et peu original niveau mythologie mais, globalement, "Kin" sera au moins parvenu à assumer son statut voulu de premier volet en s'achevant sur une note réussie (et ce n'est pas le cas de toutes les introductions de sagas de ce genre).
Formellement, "Kin" tient aussi bien la route : à l'instar du court-métrage, chaque utilisation de l'arme en met forcément plein les mirettes et les réalisateurs parviennent à tirer profit du cadre de cette Amérique de l'ombre que les héros traversent pour créer une dichotomie visuelle intéressante avec les jaillissements de rayons laser se mettant soudainemant à y apparaître. Bien emballé dans une ambiance où la précarité du lien naissant entre ces deux frères est amplifiée par la bande originale aérienne de Mogwai, "Kin" peut aussi se targuer d'un casting au-dessus de la moyenne où l'on ne peut que regretter des personnages féminins sacrifiées en vue du futur (Zoë Kravitz ne sert pas à grand chose et Carrie Coon fait de la figuration, un comble pour deux si bonnes actrices).
"Vous n'aurez qu'une envie : connaître la suite !" nous hurle dessus l'affiche... C'est justement tout le problème de ce "Kin : Le Commencement", n'être finalement que l'annonciateur d'une suite obligatoire et d'en respecter le mode d'emploi stricto sensu. En l'état, il demeure divertissant, peut-être même plus fort sur ce point que certains de ses confrères mais, au vu de sa mythologie très inspirée d'un mythe du cinéma signé James Cameron, as-ton vraiment envie de se faire du mal pour connaître ce qui va en découler ? Pas si sûr...
Créée
le 29 août 2018
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