Peau d'Ann
J'ai tout fait pour toi Ann. Tout. J'ai quitté mon pays, mes amis. Défoncé, arraché des gueules. Tu étais mienne. J'ai même fait le docile pour t'approcher encore une fois. Ce soir, sous la lune, je...
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le 5 avr. 2014
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Déclinaison offerte au conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, La Belle et la Bête, quoique la transformation dudit monstre en prince charmant n’advienne que par la concurrence entre le gorille géant et le capitaine Jack Driscoll, et que la belle ne succombe jamais au charme de l’animal, King Kong mène une profonde et subtile réflexion sur le divertissement en temps de crise, en témoigne le contexte des années 30 qui transparaît notamment lors du retour à New York. L’attitude d’abord blasée des spectateurs, davantage préoccupés par les vingt dollars dépensés que par la perspective d’une quelconque nouveauté, rend compte d’une morosité ambiante avec laquelle joue le film, et qui constitue une habile mise en abyme de son propre spectacle repoussant les limites du cinéma et des effets spéciaux. Ceux-ci, supervisés par le génie de l’animation en stop motion Willis O’Brien, n’ont rien perdu de leur superbe, impressionnent du début à la fin sans laisser une seconde de répit – quelle différence, d’ailleurs, avec les blockbusters récents qui, pour la majorité d’entre eux, diluent l’extraordinaire dans un marasme de dialogues inutiles et de bons sentiments ! Sans oublier le bel hommage au cinéma de Georges Méliès visible, par exemple, quand les explorateurs projettent une bombe afin d’endormir l’animal, créant un nuage de fumée digne d’un tour de magie.
La cruauté de Kong, en partie censurée lors des ressorties successives de l’œuvre en salles, s’inscrit dans un exotisme synonyme de sauvagerie : elle figure l’étrangeté des autochtones noirs dont le comportement initial, à savoir la fascination pour la fille aux cheveux d’or, est partagée par le gros singe qui explore ce vice et, ainsi, accomplit un fantasme, allant jusqu’à déshabiller Ann Darrow et à la renifler… Ces stéréotypes racistes, reflets d’une époque qui l’était tout autant, s’observent également dans d’autres production contemporaines telles que Tarzan the Ape Man (W. S. Van Dyke) sorti un an auparavant. Un chef-d’œuvre d’efficacité et de technicité.
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le 26 janv. 2025
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