L’idée était séduisante : qui de mieux placé pour parler de l’oeuvre de Stanley Kubrick que Kubrick lui-même ? Bien sûr c’est un poil facile sur le fond, puisque les interviews menées durant 20 ans par Michel Ciment, dont le bouquin sur Kubrick restera probablement LA référence. Toutefois, puisque personne n’y avait pensé avant, pourquoi se priver de mettre en images les paroles d’un des plus grands génies du septième art ?
Oui mais non, en fait, car la mise en scène de Gregory Monro ne s’élève définitivement pas au niveau de l’ambition du film. Déjà car le film vient longtemps après A life in pictures, qui regroupait la crème de la crème en matière d’interviews autour de Kubrick. Ensuite parce que les intervenants de ce Kubrick par Kubrick ne sont pas inintéressants en soi mais sont loin d’être d’être des plus-value à ce qu’on sait déjà du cinéaste. Enfin parce qu’il y a cette mise en images assez ratée de reconstruire (je n’arrive toujours pas à distinguer si c’est une maquette ou de la 3D) la chambre de 2001 : l’odyssée de l’espace et d’y balader une caméra d’objets en affiche, de manière assez froide et maniérée. Pour rares qu’elles soient, il existe des images de Kubrick, et au pire les films eux-mêmes pouvaient se suffire à eux-mêmes pour appuyer le propos. Pourquoi pas un Michel Ciment en guide ultime, d’ailleurs ? Plutôt qu’une vieille interview promo du bouquin résultant de ses interviews justement.
Du coup, j’ai du mal à voir la plus-value de ce film si ce n’est de se greffer et recentrer en quelques points les grandes lignes du livre de Ciment. Une sorte de résumé un poil scolaire, plutôt propre pour qui découvre Kubrick mais qui ne remplacera jamais le travail colossal accompli par Ciment dans son livre. Un film anecdotique, ou du moins réservé aux néophytes du cinéaste légendaire.