I was like 90% of the kids out there.
Avant tout chose, il est important de connaître le concept de "Kurt Cobain: About a Son" avant de le regarder. Vous ne verrez ici aucune image de Kurt Cobain sauf à la toute fin lors d'une séquence où défilent des photos de lui, juste avant le générique. L'idée est d'écouter une longue interview du leader de Nirvana par Michael Azerrad, environ un an avant son suicide, et les images ne sont là que pour illustrer les propos du chanteur, nous emmenant notamment sur les lieux qu'il évoque.
Si l'idée m'avait séduit dans un premier temps, j'ai vite déchanté. Au bout d'une demie heure, j'en avais assez et je commençais à m'ennuyer ferme. C'est d'autant plus dommage que j'aime beaucoup Nirvana et que j'avais un a priori enthousiaste à propos de ce documentaire.
Le documentaire est en réalité Kurt Cobain faisant sa propre psychanalyse en racontant sa vie étape par étape. Il donne son ressenti sur chaque moment qu'il juge important, mais finalement on pourrait presque appeler ça "Chronique d'un mec ordinaire". K. Cobain nous raconte que, jeune, il était rebelle mais pas des masses, névrosé mais pas trop, ordinaire mais pas tant que ça. Un ado normal quoi. Ce qui m'a frappé, en revanche, c'est son besoin presque vital d'être le centre d'attention. J'en veux pour preuve que les seules personnes qu'il a appréciées sont celles qui lui ont accordé plus d'importance qu'aux autres. Un autre symbole est le moment où il reproche à Krist Novoselic de vouloir tirer la couverture à lui alors que lui-même était une icone mondiale et avait réclamé une plus grande part de royalties que ses camarades car il s'estimait injustement rémunéré.
On reconnait par ailleurs le Kurt Cobain torturé qui s'est donné la mort un an plus tard avec toutes ses contradictions. Il nous explique dans la même interview qu'il n'aurait jamais pensé entendre une de ses chansons à la radio et qu'il a toujours su qu'il allait apporter sa pierre à l'édifice de la musique. Il dit dans la même conversation qu'il a toujours été heureux et qu'il a souvent pensé se tirer une balle dans la tête. Les exemples paradoxaux sont nombreux et il serait fastidieux de les lister mais il en résulte, à mon sens, une certaine confusion.
Toutefois, le documentaire dispose de très belles images. Les plans du Nord-Ouest des USA en automne sont magnifiques bien que certains soient filmés de façon un peu 'hipsterisante'. On suit les traces de Kurt durant son récit et c'est une belle balade dans laquelle on embarque.
Finalement, le parti pris de ne jamais montrer Cobain et ses acolytes est vite lassant et s'avère être une fausse bonne idée. Les images ont beau être jolies, elles apportent peu. De plus, l'analyse de Cobain par Cobain montre aussi ses limites. Que ce soit lui, vous ou moi, personne n'est capable de se décrire objectivement et ce pauvre Kurt s'empêtre donc dans des paradoxes pour un rendu brouillon qui ressemble à une conversation 'profonde' qu'on aurait en after à 6h du mat' et encore dans le brouillard.