Un giallo sans tueur, c'est comme un banana split sans banane

Présenté comme l’un des précurseurs du Giallo, il faut tout de même s’accrocher pour ingurgiter les 90 minutes interminables de L'adorable corps de Deborah. L’histoire est pourtant intéressante parce qu’elle sort du typique schéma « tueur un peu dérangé du casque » cherche à débiter « victime bébette mais bien gaulée », mais son réalisateur le met en images chaussé de pantoufles et les neurones au ralenti.

Résultat, lorsque le film prend son envol, après 1 bonne heure et quart, à l’occasion d’un twist multiple sympathique, il se heurte à un spectateur anesthésié, la bave au coin de la lèvre, qui a tout juste le temps de jouer de la manche pour corriger le tir avant de se rendre compte que le film devenait enfin intéressant. Lui reste alors cette frustrante impression qu’il s’est enquillé 1 heure de vide pour rien : les personnages n’étant jamais construits, le retournement de situation final aurait pu intervenir après 20 minutes, il aurait eu le même impact.

Pourtant, L'adorable corps de Deborah est mis en scène de façon efficace, avec un joli scope qui parvient à capturer de chouettes moments. Il est, en outre, interprété par des acteurs qui s’investissent, et font ce qu’ils peuvent pour sauver le navire du naufrage, mais les pauvres sont tellement desservis par une écriture ras des pâquerettes qu’ils se rendent ridicules malgré eux : il faut voir la première demi-heure et ses passages en mode réclame pour Meetic, c'est collector ! Il y avait mieux à faire pour exploiter le magnifique minois de Carroll Baker — un peu farouche par contre, son dolce corpo, elle ne le dévoile pas beaucoup (quelle affiche mensongère ^^ !) — et la ganache amusante de jean Sorel, qui est tout simplement fait pour ce genre de rôle, son attitude naïve étant plus que de circonstance.

Il faut donc se contenter de quelques ambiances réussies, et de belles promesses. A réserver aux morfales du Giallo, à ceux qui s’intéresseraient à la genèse de ce genre dans lequel on aime se promener quand il est habité par une belle dose d’inspiration et des exécutions créatives. Et malheureusement, ces deux qualités, L'adorable corps de Deborah ne les possède pas.
oso
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le 19 oct. 2014

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