Quatrième opus de la collection Cinéastes d'aujourd'hui de la Cinémathèque belge (pas la royale, l'autre), L'âge de raison est ce qu'on peut appeler un documentaire mi-figue mi-raisin, contradiction interne entre ses ambitions et sa forme.
L'ambition ? Offrir des clés de lecture aux spectateurs concernant le cinéma des frères Dardenne, tout en essayant de rendre leur cinéma accessible. La forme ? Des interventions des collaborateurs (chef déco, cadreur, comédiens) trop minimes par rapport à des "spécialistes" indépendants du cinéma (un conservateur de musée et une psy) qui rendent, au final, les films des frangins encore plus pompeux qu'ils ne le sont vraiment.
Hélas, la faute incombe aussi bien au réalisateur, enfermé dans une esthétique tantôt muséale tantôt old fashionned (la mise en scène de soi au sein du processus créatif), qu'au scénariste, brillant analyste mais intellectuel trop pesant.
L'âge de raison manque cruellement, in fine, d'un peu de légereté, d'un peu d'innocence qui aurait pu offrir une approche détournée mais importante d'un cinéma aussi viscéral que cérébral. En ne propulsant en avant davantage le second que le premier, Alain Marcoen et Luc Jabon ferment peut-être davantage de portes qu'ils en ouvrent. Dommage, car quelques détails laissent entrevoir un cinéma bien plus "de genre" qu'il n'y paraît.