Évangile selon Saint-Nullos

L'âge des ténèbres, quelle surprise. Quelle satire. Quel libelle !

Contre quoi ?

Contre cette saloperie de putain de monde moderne, pardi !

Tout comme l'Évangile, L'âge des ténèbres n'est pas fait pour tout le monde. C'est du souffre fumant, sous toute cette niaiserie. Ne parlons pas de l'affiche (quelle laideur!) qui donne à ce chef d'oeuvre des tournures de comédie romantico-intellectuelle...

L'histoire de L'âge des ténèbres est d'une banalité confondante : Jean-Marc Leblanc est un petit bureaucrate sans envergure, un mari insipide et un père transparent : un pôvre type en somme, comme la société individualiste en chie tous les jours.

On prend vite conscience que la vie de Jean-Marc Leblanc est aussi plate que cruelle. Son travail l'ennuie, ses collègues l'ennuie, sa compagne l'ennuie, ses enfants l'ennuient, alors, pour survivre, le temps d'un instant, d'un tout petit instant, le temps d'une toute petite contorsion dans l'espace-temps, le temps d'une minuscule pensée sous la forme de quelques flashs, Jean-Marc Leblanc va tout imaginer : qu'il est un grand séducteur, un empereur romain, un samouraï, un journaliste... Et voilà que ce loseur là devient un raté merveilleux, lumineux, monstrueux ! On prend conscience de l'univers de drôlerie, de cynisme et d'intelligence qui sommeille sous ce zéro d'apparence.

L'âge des ténèbres, son message, c'est : une ode totale à la sortie de route. À l'explosion des carcans. À la démolition du politiquement-correct. À la fin de l'oppression du quotidien.

L'âge des ténèbres, sa recette, c'est : de faux-airs d'un Woody Allen, un zeste de surréalisme bunuélien, une pointe de Kafka, une pincée de Nietzsche, une conclusion à la Voltaire.

L'âge des ténèbres, en trois mots, c'est : quel grand film !

Quel grand film.