Deuxième long métrage de Christian de Chalonge, L'alliance s'écartait de la veine semi-documentaire de son précédent film, Prix jean Vigo 1968, O Salto, dont le sujet était l'immigration portugaise au crépuscule de la dictature salazarienne. Adaptation par (et avec) Jean-Claude carrière de son roman éponyme publié en 1962, le film marquait la première incursion de son réalisateur dans l'étrange, à l'orée du fantastique, avant sa chronique paysanne post-apocalyptique onze ans plus tard nommée Malevil.
D'un postulat évoquant le théâtre de l'absurde d'Eugène Ionesco, la présence de l'actrice Tsilla Chelton dans le rôle de Mme Duvernet n'y étant sans doute pas étrangère, le scénario de Jean-Claude carrière se plait à sinon brouiller les pistes, du moins à ne rien divulguer des réelles activités des protagonistes. Des deux époux, le spectateur ne connaitra rien, ou peu, à l'image de ces deux étrangers qui ne se sont mariés que par intérêt. De cette relation clinique et morne, L'alliance glisse vers le thriller à mesure que Hugues plonge dans la paranoïa, craignant que sa jeune épouse veuille l'assassiner.
Fort d'un récit tissant habilement une atmosphère pleine de mystères (quel type d'expériences mène Hugues dans son laboratoire ?) et d'angoisses tapies, l'appartement devient le refuge d'une faune hétéroclite, le vétérinaire recevant à rythme régulier divers animaux par voie postale. Signées Gilbert Amy, les compositions anxiogènes mêlant bruits d'animaux et musique concrète participent à cet intangible climat menaçant qui plane sur Hugues et Jeanne, dont leurs nouveaux locataires semblent être les témoins impuissants...
A ce jour, ce long métrage reste toujours inédit en DVD et Blu-ray.
"Vendredi 12, pour la première fois, elle me demande si je l'aime..."
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