Le film retrace l'histoire d'Elie de Cortone, qui adapta les préceptes de St François d'Assise afin qu'ils soient en adéquation avec les obligations hiérarchiques et temporelles de l'Eglise, permettant ainsi la création de l'ordre franciscain.
Pour la forme, le metteur en scène a choisi de filmer l'action dans des endroits sombres, choisissant des jours de pluies ou crépusculaires, rendant ainsi l'oeuvre austère. Les acteurs sont plutôt mauvais, sauf Jérémie Rénier que j'affectionne particulièrement.
L'auteur a clairement pris fait et cause pour la ligne d'Elie, quel étrange point de vue ! Pour cela il décrit François et ses frères comme des exaltés, donnant d'eux une image de fanatiques et d’extrémistes. Quand ils chantent leur amour de Dieu, il les fait éructer. Quand ils enseignent, il les montrent en train de conditionner les foules par la répétition de règles. Quand ils témoignent de leur amour du prochain, il présente une scène qui relève plus de la violence que de la Joie (passage entre Dominique et le cavalier). Est-ce de l'amour que de ne pas respecter l'autre en l'obligeant ? Comment peut-on se sentir proche de ses gens ainsi ? Comment ont ils pu rassembler autour d'eux en agissant de la sorte ? Où sont la Grâce, la douceur, le recueillement, la Joie simple, la synchronicité qui s'opèrent lorsque l'on s'immerge dans la vie spirituelle ?

Il faut bien lire entre les lignes pour retrouver des bribes de la vision de Saint François. Ce qui fait de François et ses frères des héros, c'est leur absence de peur, leur confiance et leur abandon en Dieu. Ce sont des hommes libres, à l'image du Christ, incorruptibles, dont on ne peut faire des esclaves, ils n'ont rien à sauver, et par là même ils sont sauvés. Là où notre peur de la mort, l'espoir d'avoir davantage ou mieux, nous poussent à toutes les compromissions, eux ne laissent pas échapper la Vie qui se trouve dans l'instant. Ils ont choisi de vivre avec les pauvres partageant tout avec eux, même leur condition.
Ce que nous propose Elie, c'est de survivre à notre misère, il se situe dans l'histoire, il veut s'institutionnaliser, avec lui les mendiants pourront percevoir leur aumônes devant la porte de l'Ordre ainsi la main qui donne sera toujours au dessus de celle qui reçoit. Elie dévitalise l'enseignement, il le met en doute et va même jusqu'à remettre en question les stigmates de François, laissant entendre que celui ci pourrait être un faussaire, un menteur. Même l'idée de fraternité est remise en question, lorsque le prélat déclare Saint François incapable d'amitié. Le frère on l'aime pour ce qu'il est ! l'ami on le choisit parce qu'il plaît.
A quand une oeuvre lumineuse à l'image de la vie de Saint François d'Assise( lui dont même les animaux s'approchaient sans crainte), qui donnerait un aperçu de cette vie frémissante, qui m'interrogerait sur mon courage s'il m'avait tendu la main.

Pokmika
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le 20 mai 2017

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