L'étron prétentieux qui fait du sous-Godard

Il est de retour pour vous jouer un mauvais tour! Après avoir intégré les sphères littéraires et télévisuelles, Frédéric Beigbeder se lance de plain-pied dans le cinéma autour duquel il a souvent gravité, en étant présentateur de l'émission "Le Cercle" sur Canal+ notamment. Il est donc assez logique de le voir s'essayer à cet art pour lequel il porte vraisemblablement un certain intérêt. Je ne connais pas trop Beigbeder et j'émets quelques réserves sur le personnage, narcissique mais faisant preuve de beaucoup d'humour et d'auto-dérision également. L'adaptation de son roman 99 francs était plutôt minable à mes yeux et j'avais peur de retrouver la même chose avant de voir ce film, totalement au hasard qui plus est. Hélàs craintes confirmées, le "meilleur film de Frédéric Beigbeder" se révèle complètement raté pour ma part.



Plutôt que de voir l'émergence d'un Beigbeder cinéaste, c'est plutôt la confirmation du Beigbeder publicitaire qui a eu lieu. Ce film ressemble à un mix entre une publicité géante et un film de potes de Canal+. Techniquement parlant c'est plutôt pauvre, les quelques rares prises de vue sympathiques ne suffisent à masquer la faiblesse artistique du film. C'est tourné comme une pub qui n'a rien à vendre car en effet, ce film c'est vraiment du vide... La mise en scène n'est vraiment pas terrible, comme je l'ai dit quelques beaux plans et ça s'arrête là. Ca a plus l'allure d'un téléfilm qu'autre chose, la photographie n'a pas bénéficié d'un soin monstrueux et ça se voit. Mais l'aspect technique n'est même pas le pire défaut du film. C'est tape-à-l'oeil et pas très beau mais au moins ça ne bat pas les records atteints par 99 francs et son esthétique publicitaire absolument infâme.
Le ton du film se veut subversif sur l'amour, les relations hommes-femmes, etc... Mais en fin de compte c'est d'une platitude sans nom. Il n'y a aucune idée novatrice, c'est un espèce d'exercice de style prétentieux qui brasse de l'air. Je pense avoir une idée du style Beigbeder écrivain et franchement ça m'effraye que ce type puisse vendre et soit autant apprécié... Les péripéties plus inutiles les unes que les autres s'enchaînent, le tout sur un ton ultra caricatural et maniéré et avec des personnages aussi vides qu'agaçants.

Ce qui m'énerve dans ce film, tout comme ce fut le cas avec 99 francs, c'est la superficialité des personnages. Comme dans l'autre étron, on en a rien à cirer de ce qu'il peut bien leur arriver, de leurs peines de coeur de bobos, de leurs soucis... Pourtant c'est un film de personnages, qui se base uniquement sur leurs sentiments et leurs interactions. D'ailleurs tout sonne faux dans ce film, il y a un flagrant manque d'authenticité. Les rapports entre personnages sont limites risibles, par moments on a du mal à croire ce que l'on voit. Puis la qualité des dialogues n'aide pas... Entre des phrases d'une banalité sans nom balancées sur un ton monocorde, on a le droit à de multiples tentatives vaines de dénicher la réplique culte tout en touchant un public djeunz et branché ("Au XXIème siècle, l'amour est un SMS sans réponses", etc...).
Le film se veut cool en plus d'être soi-disant corrosif. Le personnage principal ne cesse de s'adresser au public et à la longue c'est d'une lourdeur sans nom... Ca peut être cool quand c'est utilisé avec modération, comme dans Pierrot le Fou de Godard, mais là c'est presque incessant et c'est une horreur. Surtout que le personnage n'est vraiment pas intéressant. Je ne pense pas que Proust soit un mauvais acteur mais un rôle d'une telle inconsistance où il doit débiter des phrases sans intérêt ça ne doit vraiment pas aider... J'attends de le voir dans d'autres films car je suis sûr qu'il a du potentiel.



Le casting aurait pu être bien mais comme je l'ai dit, les personnages sont vides et inintéressants... Joey Starr aurait mieux fait de se cantonner à Polisse plutôt que de camper ce rôle à contre-emploi qui est loin d'être génial. Encore une volonté de surfer légèrement sur un fait de société (l'homosexualité) pour se donner un air branché. Louise Bourgoin est la meilleure interprète du film, plutôt tonique et naturelle. En plus on la voit nue! Bon c'est tellement mal amené que niveau sensualité c'est zéro mais on voit du nichon et ça fait plaisir à voir quand on voit un navet car on peut se réveiller un bref instant.
Puis voilà quoi, pendant plus d'une heure et demie on suit un "je t'aime moi non plus" chez les bobos où les retrouvailles et les séparations se basent sur des futilités et où les sentiments affichés n'ont rien d'authentique, alors faut bien s'occuper comme on peut! L'humour ne fait pas mouche dans le film, la faute aux dialogues (j'ai l'impression de me répéter) et à une mise en scène peu inventive. Et puis c'est d'un beauf... Le Missionaire avec Jean-Marie Bigard passerait presque pour du Lubitsch face à ça. L'humour est gras, vulgaire et venant d'un, soi-disant, hommes de lettres ça fait peine à voir.

Il est très difficile de critiquer un film vide je vous l'assure... Pour résumer on a une forme sans classe, un fond détestable. La subversivité de Beigbeder sur ce que représente l'amour dans notre société fait autant d'effet qu'un crochet du droit de Jamel Debbouze sur Myke Tyson et c'est juste pathétique. Je pense que le cinéma français pourra très bien se passer de Frédéric Beigbeder par la suite, la vague actuelle de réalisateurs prometteurs se débrouille déjà très bien. Un bien mauvais film.
Moorhuhn
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Souffrir... Mon plaisir. Confessions d'un masochiste et Mon panthéon du caca 2012

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le 17 avr. 2012

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Moorhuhn

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