Un peu troublant
Au départ s'annonce un désastre. Le style est très télévisuel (avec les ellipses courantes dans certaines séries US, sitcom surtout) et les Farrelly visent bas y compris dans la présentation...
Par
le 3 mai 2015
10 j'aime
Au départ s'annonce un désastre. Le style est très télévisuel (avec les ellipses courantes dans certaines séries US, sitcom surtout) et les Farrelly visent bas y compris dans la présentation. L'écriture est un peu idiote au point de rendre certains éléments peu vraisemblables. Une comédie battant des records d'inanité et de médiocrité avinée semble poser ses balises. Et très vite ça dérape ; dès la fameuse séquence de l'ascenseur, c'est un tout autre film, y compris au niveau de la mise en scène, banale mais claire et sans dégueulasseries.
Même si on nous donne matière à rire, le programme se déployant sous nos yeux ne vise pas tant à cet endroit. Les Farrelly ont toujours eu une affection pour les personnages aberrants, en jouant d'autant plus librement avec eux qu'ils étaient bien portants. Or Rosemary n'est pas une crétine épanouie, c'est une obèse malheureuse, accessoirement une femme brimée et honteuse. Elle est bien au cœur de quelques gags bourrins, sauf que le spectateur les vit avec le décalage perceptif du héros, Hal – ce machiste au physique ordinaire et à l'attitude exécrable ne voyant plus que la « beauté intérieure » de ses nouvelles rencontres depuis que le gourou Tony Robbins lui a jeté un sort.
Par conséquent et en dépit de leur caractère outrancier, ces gags sont anesthésiés ; et pour la cible, pas tellement corrosifs. La dynamique comique est cassée et se fait de plus en plus douce au fur et à mesure ; à la place nous avons un mélo un peu WTF, assez touchant malgré un esprit très candide. Plus on avance et plus des éléments relevant de la farce sont jaugés avec sérieux : leur ridicule n'est pas nié mais une prise de recul s'invite. Lorsqu'il s'agit des enfants, le ton est plus dramatique, ne laissant place à aucune ambiguïté – le moment le plus émouvant sera là. Les Farrelly se sont laissés aller à la sensiblerie et ça fonctionne.
Néanmoins, quelques spéculations germent sur le ressenti de fond des concepteurs ; on ne sait trop s'il y a un fond mesquin déguisé, une naïveté humaniste digne de Patrick Sébastien (auteur de T'aime), une culpabilité à purger. La façon dont est relativisée la 'queue' paraît trop énorme, surtout que le rapprochement est grotesque – mais ce détail est de toutes façons assez absurde, une sorte de deus ex machina sorti de la besace d'un scénariste déshydraté. Il y a surtout un amalgame de malice et de tendresse. Les maîtres du happening potache ont vieilli et se découvrent un cœur saignant plein de bons sentiments ; ils sont politiquement correct du mieux qu'ils peuvent, mais ils restent qui ils sont, des amuseurs grivois et impudiques, aux sympathies parfois déroutantes.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films qui sont des plaisirs coupables, Le Classement Intégral de Zogarok, Les meilleurs films de 2001, Les meilleurs films avec Gwyneth Paltrow et Top 15 films de Gros
Créée
le 3 mai 2015
Critique lue 1.3K fois
10 j'aime
D'autres avis sur L'Amour extra-large
Au départ s'annonce un désastre. Le style est très télévisuel (avec les ellipses courantes dans certaines séries US, sitcom surtout) et les Farrelly visent bas y compris dans la présentation...
Par
le 3 mai 2015
10 j'aime
Hal est très superficiel et ne sort qu'avec des femmes canons au corps parfait (ce qui est difficile à croire parce que lui est tout de même drôlement vilain) mais à l'aube de la trentaine il est...
Par
le 13 oct. 2010
8 j'aime
Bourré de clichés : tu es grosse donc t'es gentille, tu fais de l'humanitaire et bien sûr, t'as avalé Le Robert. T'es belle donc t'es la pire des connes. Ta beauté intérieure est donc le contraire de...
Par
le 27 oct. 2010
5 j'aime
2
Du même critique
En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...
Par
le 13 nov. 2013
51 j'aime
20
C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...
Par
le 11 févr. 2015
48 j'aime
4
L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...
Par
le 8 déc. 2014
31 j'aime
2