Duel
Avec ce film réalisé au tout début de sa carrière, Wim Wenders nous fait déjà part des thèmes qui lui sont chers et qui vont le poursuivre tout au long de son périple cinématographique. On y retrouve...
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le 9 avr. 2016
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Deuxième long métrage de Wim Wenders après un premier film de fin d’étude, adaptation d’un roman du même nom, ce film met en lumière le style de Wenders tel qu’il sera dans toute sa filmographie et qui arrivera à son apogée avec, pour moi, Les Ailes du Désir.
Dès son ouverture, Wenders revendique son style, filmant une action de football en ne montrant que le gardien, qui s’avère être le personnage principal du film, se focalisant sur ce rôle inactif tout au long de l’action jusqu’à la fin, celle-ci étant donc hors champ.
C’est comme cela que le cinéaste construit son film et il revendique dans le dialogue final, sa volonté de montrer au spectateur non pas l’action principale mais celle d'arrière-plan, à laquelle on ne s’intéresse pas.
Il va pour cela opérer tout au long du métrage une séparation entre le spectateur et le personnage principal. Une opacité qui va empêcher toute sorte d’identification à celui-ci, qui peut rappeler les premiers films d’Haneke (Benny’s Video, Le septième continent ou encore 71 fragments d’une chronologie du hasard) mais avec une visée différente.
Chez Haneke, cette déconnexion spectateur-personnage, sert un questionnement sociologique de rapport à la violence, de recherche de sens à des actes soudains, pulsionnels, incompréhensibles par l’exploration du quotidien précédant et suivant l’acte en question.
Si la déconnexion chez Wenders crée ici une même froideur qui peut décontenancer, la visée et la manière de faire est tout autre. Là où Haneke montrait tout, ne cachait rien au spectateur si ce n’est l’accès à la psychée de ses sujets. Wenders, lui, s’évertue à dissimuler les événements, pourtant les plus centraux de la narration, par des ellipses très marquées par des fondus au noir nets, longs. Si l’on suit tout le métrage, le supposé point de vue du personnage principal, la déconnexion passe par cette asymétrie d’informations, cette discontinuité du récit (on ne sait pas combien de temps dure l’ellipse). Le film ne montre que des non-événements, avec un rythme assez lent, l’intérêt pour le spectateur va d’abord être de chercher à décoder ce mystérieux personnage, que Wenders ne montre qu’entre deux actions, entre deux événements. C’est cet entre-deux qui donne tout son intérêt au film, puisqu’il va complètement détourner les attentes d’intrigue policière pour s’orienter d’un côté plus documentaire, en suivant l’errance du personnage dans Vienne puis dans une Autriche plus rurale. L’attention de Wenders se porte alors plus sur cette Autriche justement, sur les personnages secondaires, les rencontres que fait le personnage, qui peut rappeler Sans toit ni loi, de Varda par moments.
Le film est alors un entre-deux entre fiction et documentaire, déviant totalement de son sujet supposé et c’est ce qui fera la marque Wenders.
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le 8 oct. 2022
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