L'Année du daim par Zogarok
L'année du daim est un film de 5 minute de Georges Swhiwzgebel, réalisateur d'une dizaine de courts-métrage d'animation depuis 1974 et Le Vol d'Icare. Moins tourné vers la démonstration technique que les autres, L'année du daim a la spécifité dans son parcours de raconter une histoire totalement limpide ! Celle d'un jeune daim trompé par les apparences et floué par son conditionnement, s'élançant confiant vers un monde hostile.
Peinture animée comme les autres opus de Schwizgebel, L'année du daim est une très belle création et l'une de ses plus passionnantes, grâce à son registre narratif mais aussi à sa 'morale'. Il s'inspire d'une fable chinoise de Liu Zhongyuan, écrivain et poète dont l'oeuvre est généralement étiquetée pessimiste. Le seul être humain du film est dans une position de parent éducateur, à la fois normatif et sauveur, réprimant les mauvais instincts et la trop spontanéité juvénile de ses protégés en vue d'un plus grand bien.
La structure dont il est le maître sert les animaux, capables de s'améliorer ainsi délivrés de l'errance et de l'état de nature. Elle apporte la sécurité tout en rendant indépendant vis-à-vis des groupes. Le loup a l'occasion d'apaiser son rapport aux autres, d'appréhender la différence en dépassant ses réflexes de prédateurs, les réservant probablement à d'autres cibles. Le daim a lui l'opportunité de mûrir, malheureusement s'il accepte l'autorité, il ne gagne ni en force ni en lucidité. Cette aventure met en évidence la dangerosité des troupeaux incultes, la fragilité de la vie et de la liberté, mais aussi des constructions harmonieuses s'ajoutant à l'ordre naturel.
L'accompagnement musical de Philippe Koller, inspiré d'un quator de Schubert, est un peu crispant. Il est souligne l'action de façon simultanément hystérique et détachée, étouffant toute émotion et couvrant la voix indicible du conte. L'association par un posteur de YouTube avec Mukinabaht des Boards of Canada est bien plus agréable et judicieuse ; le message du film comme sa beauté sont davantage mis en relief. Ce son uniforme et éthéré est paradoxalement plus synchrone.
https://www.youtube.com/watch?v=sFdfB5gedb8 version originale
https://www.youtube.com/watch?v=SIY0c_OmcOY version avec Mukinabaht
Autres courts de Schwizgebel :
http://www.senscritique.com/film/La_jeune_fille_et_les_nuages/critique/41454204
http://www.senscritique.com/film/Fugue/critique/41454450