[Passé en revue avec l'ensemble des courts de Svankmajer : https://zogarok.wordpress.com/tag/svankmajer/ ]
Dans la lignée du précédent (Le Jardin), y compris par son usage du noir et blanc et son sort similaire auprès de la censure, L’Appartement se distingue cependant doublement. D’abord, la dimension politique et philosophique, autour des mêmes croyances, est ici moins directe. Ensuite, la forme est plus purement expérimentale. Même adhésion au registre surréaliste, avec des images fortes, des symboles défiant la logique (le miroir renvoyant reflet menteur -sauf pour le spectateur- comme dans le cliché du Faux Miroir de Magritte) et purement oniriques (l’invraisemblable sortie du placard).
On note cette fois un usage généreux de la musique ; sorte de symphonie allègre puis lugubre, parfois un brin véhémente, se jouant sur le dos du personnage (peu d’acteurs ont pris une telle importance dans les courts de Svankmajer), lequel perd tous ses repères et voit le matériel le dépasser. Byt se déroule entièrement dans l’appartement avec ce type manifestement très fatigué.
Il raconte une révolte des objets contre les hommes ; ils se permettent tout et vont jusqu’à le maltraiter, boxant son visage -lorsqu’il veut, non pas s’en émanciper, mais simplement se ménager du temps en-dehors de leur existence ! Dans la foulée Svankmajer montre l’enfermement humain, ici décliné sous une forme plus sociale (que dans Fantaisie in Sol Minor ou même L’Ossuaire), tout aussi métaphysique, avec un type supplanté et mis en servage par ces objets. Puis finalement confondu avec ces meubles et ne trouvant le repos que dans cette matérialisation impropre.
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