Dans la Corée des années 20, les préceptes confucéens régissent encore les interactions sociales. De retour dans son village, après une dizaine d’années d’absence, Sung-chil, interprété par Shin Yeong-Gyun, s’attend à ce que la modernité ait pénétré cette ruralité. Celui-ci s’éprend de Han, une veuve d’un certain rang social, interprétée par Choi Eun-hee, qui ne peut se remarier, malgré la mort précoce de son époux. Condamnée à la chasteté, cette dernière s’y soumet pour sauvegarder l’honneur de sa belle-famille et perpétuer les valeurs surannées promues par sa grand-mère à laquelle elle doit une obéissance absolue. L’aliénation de Han est totale, laissant sa destinée aux diktats. À la manière de Kenji Mizoguchi, Shin Sang-Ok s’interroge sur le rôle de la femme. Son œuvre se veut cyclique. Elle s’ouvre et se ferme sur cette arche, symbole de loyauté. Elle alterne entre les coutumes et la modernité, l’intimité des intérieurs et l’exposition des terres agricoles, l’aridité des rizières et les pluies diluviennes. L’eau est d’ailleurs l’élément prédominant dans ce film. Il fait naître le désir, l’érotisme certes, mais aussi l’amour filiale. Il souligne la temporalité. Le réalisateur nous offre sa vision progressiste de la société coréenne qui se déleste lentement du dogme confucéen. Néanmoins, marqué par son époque, il ne peut totalement s’y soustraire. C’est le fils sauveur qui vient au secours de sa mère. Au crépuscule de sa vie, cette femme peut-elle avoir la maîtrise de sa destinée ?