Pour les gros yeux de Mel
"L'arme fatale" premier épisode de la saga culte de Richard Donner, est l'étendard américain des Buddy Movies, films bien relous basés sur des duos improbables de flics n'ayant rien en commun et tout pour se haïr.
La différence c'est qu'ici, les deux compères sont interprétés par des acteurs de choix.
D'abord Danny Glover dans le rôle de Roger Murtaugh (ne pas éternuer), bon père de famille, bon flic intègre définitivement "trop vieux pour ces conneries".
Et le chien fou Mel Gibson, dans celui de Martin Riggs, où il interprète à merveille le dépressif psychotique qui n'a qu'une obsession, se suicider, malgré une tendance à trop regarder la caméra avec des yeux exorbités pour montrer qu'il est dingue dans sa tête.
Alors il vit seul dans sa caravane et veut se tirer une balle, parce que sa chère et tendre dont on se fout complètement et qu'on ne connait pas est morte dans un accident de voiture anecdotique.
Les deux personnages antagonistes sont donc amenés à collaborer contre leur gré sur l'enquête de la mort d'une prostituée ayant sauté du haut d'un gratte-ciel (scène d'ouverture du film très classieuse). Jusque là pas de problème, le film est prenant, on découvre la personnalité de nos deux héros, le montage sonore est excellent, avec un travail sur les bruitages, et une superbe musique jazzy saxo (Composée par le très bon Michael Kamen).
Quelques bonnes scènes sortent du lot, la tentative de suicide d'un paumé du haut d'un building (décidément) avortée de façon hilarante par Gibson, l'assaut percutant du QG d'un macro mêlé dans l'affaire et sa conclusion géniale, bref pendant 40 minutes, le film est un super kiff, et dérive soudainement dans le nanar impardonnable.
En cause un scénario qui part totalement en sucette - pourtant écrit par le talentueux Shane Black - et des méchants super ratés.
Les premiers signes annonciateurs du nanar font leur apparition autour de la 25ème minute, on l'on nous présente pour la première fois les protagonistes qui officieront comme les méchants principaux du film, et qui sont vraiment trop dark.
Joshua l'albinos et McAllister vont tenter d'impressionner Mendes un petit trafiquant subalterne, pour lui prouver qu'ils ne déconnent pas, ils l'obligeront à tenir un briquet et à cramer le bras d'un Joshua aux limites du cyborg qui ne ressent pas la moindre douleur...
Ca commence à sérieusement à se gâter lorsque l'on apprend les raisons de la mort de la prostituée inévitablement liée aux bad guys présentés ci-dessus. MacAllister fait parti, avec le père de la prostituée, d'une bande de vétérans de la guerre du vietnam organisés sous le nom de la "shadow company" pour faire du traffic de cocaïne, le papa ayant voulu se mettre à table et tout révéler à la police, il ont fait tuer sa fille. C'est déjà un peu débile, ça l'est encore plus lorsque l'on constate que ces méchants ont un don d'ubiquité, et qu'ils peuvent grâce à un hélicoptère magique se retrouver à chaque fois près d'un témoin gênant qui révelerait le pot-aux-roses pour le flinguer illico.
Finalement, ils se mettent en tête de capturer Gibson et Glover sans que l'on ne comprenne trop pourquoi, si ce n'est pour les faire parler, et savoir s'ils savent qu'ils font du traffic, génial, je vois pas en quoi ça les avance à part ça..
Ils y arrivent après une scène totalement ratée et grandguignolesque dans le désert avec Mel Gibson en sniper de la mort embusqué, mais débusqué par MacAllister qui a toujours un temps d'avance.
On atteint un premier sommet de grotesque lorsqu'ils sont détenus prisonniers dans le sous-sol d'un restaurant, Mel Gibson se faisant "torturer" par un chinois dénommé "Endo" qui l'électrocute avec une éponge.
Finalement grâce à ses connaissances des arts martiaux, Gibson parvient à se défaire d'Endo en lui attrapant la tête avec ses cuisses (un peu la méthode de Famke Janssen dans Goldeneye) et à libérer son pote Danny, pour s'engager dans des poursuites interminables avec les méchants.
MacAllister finit l'histoire piteusement dans une voiture qui explose, et l'albinos parvient à s'enfuir.
Alors là énième gros fail du scénario, l'albinos a l'idée saugrenue d'aller dans la maison de Danny Glover pour attaquer sa famille.
Mais Danny Glover qui a l'esprit aussi retors que l'albinos se doutait déjà qu'il serait là-bas, du coup il arrive à y être avant lui pour lui tendre un guet-apens.
Bref ça n'a ni queue ni tête, mais le pire est à venir, l'albinos est cerné par 200 flics + Glover + Gibson. Mais Gibson s'est mis en tête de faire un combat à mains nues contre Joshua devant tout le monde, s'engage alors un fight complètement débile sous la pluie, où Gibson est en mauvaise posture, puis se rattrape, puis se retrouve de nouveau à la merci du méchant, pour finalement reprendre le dessus et ce sous les yeux de toute la police de Los Angeles.
C'est lourd, gonflant, pas crédible, et complètement absurde.
Pour conclure l'arme fatale démarre comme un très bon film de haute facture avec une musique, une photographie, et un montage superbes, servi par d'excellents acteurs et sombre dans le nanar le plus effroyable dans la dernière heure.