Rien ne pouvait empêcher Richard Donner de mettre en œuvre un troisième opus de la plus célèbre saga des buddy-movies qu'on ait pu voir jusqu'à aujourd'hui. Avec les succès des deux premiers, il n'avait aucune raison de ne pas remettre en scène l’un des duos de flics les plus explosifs que le cinéma ait rarement connu. Et si on peut reconnaître une chose de la part du cinéaste, c’est qu’il ne fait pas un troisième long-métrage pour des raisons financières, il fait réellement un film où il nous surprend encore plus dans sa manière de gérer ses personnages, comme un magicien faisant un tour de magie habituel mais en obtenant un autre résultat.
Martin Riggs et Roger Murtaugh sont de retour dans une nouvelle enquête où ils vont devoir affronter un gang de marchands d'armes mettant en circulation des balles de tueurs de flics. Même intensité et même ambiance que ceux des deux premiers films, Richard est un virtuose qui sait créer des nouvelles histoires et trouver des nouvelles situations afin de faire galérer le plus possible notre duo de flics. On pense connaître parfaitement Martin et Roger après les avoir faits intervenir dans deux opus effrénés mais non, on apprend encore plus sur eux, et encore plus dans la manière comment ils foutent le bordel dans leur ville.
Mel Gibson et Danny Glover endossent de nouveau leurs tenues de flics qui les ont rendu célèbres, ces derniers sont des artistes qui n’ont plus besoin de connaître leurs personnages puisque ce sont eux qui les créent à leurs images, en se lâchant complètement. Coups de gueule et folies dégénérées, on en déguste avec joie. Richard sait les cadrer pour en faire de désopilants personnages tout en usant la même formule qu’il a l’employé dans le deuxième, celui qui marie adéquatement l’action avec l’humour. Côté humoristique, c’est Joe Pesci qui s’en charge en campant de nouveau le petit tourbillon de comptable Leo Getz, un protagoniste apparu dans le second et qui a un temps de présence plus important pour prononcer des ok légendaires comme personne ne peut les prononcer.
Richard Donner malmène ce dernier comme ce n’est pas permis, histoire de rendre encore plus dingue nos héros flingueurs. Concernant le côté action, le réalisateur nous crée la surprise en intégrant dans son film Lorna Cole, une policière bagarreuse, autoritaire et faisant tourner incontestablement la tête de Martin, incarnée par une pimpante Rene Russo usant pleinement de son charme féminin pour encore faire plus enthousiasmer le public. Une fois de plus, le cinéaste ne manque pas d’imagination pour créer un nouveau méchant digne de cette saga, pas un méchant habituel de polars comme cela se fait depuis le premier opus, un méchant qui va bien causer des ennuis à notre tandem de policiers, un scélérat et ancien flic, Jack Travis, interprété par un Stuart Wilson tout à fait convaincant.
Le casting est un bon point pour regarder ce long-métrage dans le même état d’esprit que celui des deux autres, avec un nombre effarant de scènes cultes aussi drôles les unes après les autres. Celle que je retiens le plus est la géniale introduction avec la bombe. Comment je peux oublier cette scène cinématographique qui me fait éclater de rire à chaque fois que je la vois, elle m’a marqué à vie avec ses répliques qui n’ont sans doute pas été écrites par le fruit du hasard, avec un jeu de mots déplaisant. Je vous cite quelques exemples.
- Martin : Ah merde…il n'y a pas de clés, faut faire un court-circuit.
- Roger : Ah… Ne prononce pas le mot court-circuit devant cet engin de merde !
Il y a celle-ci que j'aime bien avec le chat !
- Roger : Oh Riggs ! Tout le monde est dehors, il n'y a que toi, moi et le chat à être assez bêtes pour être ici.
- Martin : On a évité la chatastrophe !
Pour moi, c’est incontestablement la meilleure scène humoristique du film. Cependant ! Les autres sont très cocasses pour bien nous faire marrer comme celle où Mel Gibson amadoue un chien en imitant un chien. Concernant l’action, ce n’est pas ça qui manque. Scènes de combats bien filmées, fusillades terriblement puissantes, courses-poursuites bien orchestrées, on s’en régale sans se poser de question. Comme toujours, Richard sait utiliser la ville de Los Angeles en mettant évidence la violence et la délinquance qui règnent dans la cité des anges.
Rythme ajusté pour ne pas laisser l’ennui nous envahir, des relations tendues, l’ambiance sonore et typique des polars américains avec le son de la trompette, les scénaristes n’ont pas chômé. Et c’est qui même assez étonnant dans cette troisième aventure, c’est qu’on peut ressentir une impression de voir le premier film, sauf que les rôles sont inversés. Cette impression peut être ressentie dans une scène où une violente altercation éclate entre Martin qui se conduit normalement et Roger qui sombre dans l’alcool pour oublier sa culpabilité le rongeant après avoir tué un adolescent armé d’une mitrailleuse. Tant de bonnes choses dans un opus si inoubliable que celui-ci. 9/10
- Un jour normal, j’te péterais la gueule.
- Ah ouais ?
- Et c’est un jour normal.