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En première année d’études, j’avais pris un cours optionnel intitulé “Regards croisés sur le cinéma” au cours duquel notre prof nous avait successivement projeté La Jetée de Chris Marker, puis le long métrage développé à partir de ce concept, 12 Monkeys. Autant dire que du haut de mes 18 ans, j’étais abasourdi par la réinterprétation du roman photo originel par Terry Gilliam, que je ne connaissais alors que pour ces frasques chez les Monty Python. Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis, j’ai rattrapé la majeure partie du corpus du cinéaste, mais je ne suis jamais revenu sur ce film ci, par peur sans doute d’être déçu, de ne plus avoir l’intérêt du scénario, connaissant déjà la résolution.


Mais la confrontation de la réalité de l'œuvre avec mon souvenir s’est faite en douceur. Pas de désillusion, mais plutôt une nouvelle appréciation de ce qui nous est proposé. Gilliam se fait plus discret dans sa folie inventive que sur Brazil ou le Baron Munchausen, puisque embarqué dans un projet hollywoodien avec une star bien installée (Bruce Willis, à contre emploi de ses rôles habituels) et une autre en pleine montée en puissance (Brad Pitt). En résulte un film plus cadré, mais néanmoins empreint de la patte du cinéaste.


Le désespoir latent du métrage ne se teint que de rares lueurs d’humanité dans un monde au bord du gouffre qu’il semble impossible de sauver, tandis que les cartes de la folie et de la réalité se brouillent jusqu’à cette scène finale ambiguë (qui ne figurait pas dans le montage initial, car jugée trop explicite). Le déroulé n’a pas pris une ride, et ne souffre en aucun cas de la connaissance du pot au rose tant il nous emmène dans la psychée tordue d’un homme qui croit qui rencontre une femme qui doute, puis qui croit, quitte à faire douter l’homme à son tour. Un imbroglio mené avec une limpidité pas évidente lorsque le voyage temporel est traité au cinéma.


Si l’on peut reprocher une légère sagesse à 12 Monkeys au vu du CV de Gilliam, ainsi qu’une esthétique laiteuse qui l’ancre solidement dans les années 90, on est cependant toujours devant une oeuvre maîtrisée, passionnante, et dont la musique iconique de Paul Buckmaster m’a hanté des années alors que je l’entendais tous les samedis dans Rendez-vous avec X, sans que je ne me remette d’où elle vienne jusqu’à aujourd’hui.


Créée

le 21 juil. 2024

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Frakkazak

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