Je me souviens de ... Du créateur du virus mortel dont on n'apprend l'identité et le visage qu'à la fin du film, au moment où il faut l'abattre, histoire qui donne cette impression que le personnage principal est spectateur de sa propre vie. Il fait ce qu'on lui dit et finit par échouer... alors qu'il s'en doutait. Il y a comme une mélancolie dans cette boucle infinie d'un homme qui visite son histoire et n'a pas la force de la changer. Il ne sait pas s'il est même possible de la changer. Le film est suffisamment subtil pour laisser espérer un changement bien qu'il entende, logiquement, qu'aucun changement n'est possible.
L'esthétique du film appuie la même idée, avec cette ville fantôme qui renaît dans le passé avec la musique « What a wonderful world » : la contemplation de la nature, de la vie, se suffit à elle-même. L'amour d'une femme (incarnée par Madeleine Stowe) ne fait guère le poids et si le personnage de Bruce Willis lui fait tant de peine c'est à cause de cette mélancolie et de cet amour de la contemplation du monde en train de se jouer.
Cette mélancolie c'était la mienne, étant adolescent (c'est pourquoi j'étais alors très attaché à ce film). Etant en pseudo-renaissance psychologique depuis quelques mois, j'apprends seulement maintenant à intervenir dans la marche du monde, à être acteur. Si je n'ai pas souhaité revoir ce film depuis tant d'années, c'est que je sentais qu'il m'enfoncerait encore plus dans cette mélancolie, mais c'est également, et surtout, parce que je l'avais vu AVANT 1996 (la survenue de la fin du monde dans le film) et que j'avais tellement identifié le personnage à ma personne et son monde au mien, que j'avais réellement peur de ce qui adviendrait en 1996. Revoir le film en atténuerait à chaque fois cette portée « identificatoire »...
D'une certaine manière, et dans mon cas personnel, le cinéma et la psychologie n'ont donc jamais fait aussi bon ménage qu'avec ce film. Un peu comme Le discours du roi, qui est un film sur la psychologie (mais là, c'est une chose bien plus connue, je pense).
Jonathan_Suissa
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le 1 mars 2011

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Jonathan_Suissa

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