Difficile d'entamer la critique d'un film aussi riche, complexe et déroutant. La première fois que j'ai découvert l'objet, soit au cinoche lors de sa sortie, j'ai tout de suite été séduit, sans véritablement être capable de mettre des mots sur le pourquoi du comment. Etait-ce Madeleine Stowe ? Sans doute un peu. Etait la fin ? Aussi car je me suis fais avoir comme tout l'essentiel de la salle en dehors du génial type qui, évidemment avait tout vu venir depuis la 13è minute, à moins que ce soit 13 secondes avant la scène en question ...

Cette oeuvre est ainsi longtemps restée dans un coin de ma tête avant que je ne me décide enfin de la revoir, par hasard. Je gardais en mémoire un visuel bien sombre, une musique entêtante, captivante, des regards hallucinés, des plongés, contre plongés et ralentis hypnotiques. Cette seconde séance fut encore plus forte car très différente, comme si je découvrais un autre film. L'expérience temporelle, dans un scénario complexe au premier abord, m'a ouvert beaucoup de perspectives auxquelles je n'avais pas songé initialement. J'avais grandi, vieilli plutôt, et le film étant connu, j'ai pu m'attacher à chercher des pistes, des détails dans la construction narrative.

La troisième fois, ce fut encore mieux, encore plus riche.
J'ai récemment eu l'occasion de faire découvrir ce petit bijoux à de jeunes padawans médusés. "Monsieur, c'était quoi ce film, j'ai mal aux cheveux." En même temps une certaine partie de cette jeunesse qui s'extasie devant une jeune demoiselle qui disserte sur les cheveux, les filles et le téléphone (là, tout de suite, je fais mon Terry Gilliam qui pose un cailloux pour un effet en 4 bandes. En même temps, au rythme du buzz, dans 1 semaine cette vanne ne voudra déjà plus rien dire, chouette monde n'est-ce pas ?), ne s'intéresse pas à grand chose donc autant y aller franco avec une intrigue dépassant le touche pipi avec les vampires au pays des loups garous.
Lors de cette redécouverte donc, j'ai encore trouvé des choses. Il y a deux moments que j'apprécie vraiment : l'asile et le lit. Dans la première, Brad Pitt est tout simplement génial. Le discours tellement percutant qu'il en devient presque fascinant. La folie, qu'est-ce après tout si ce n'est une façon de classer les personnes sortant du cadre. Quant au lit, le ridicule de la scène, avec Willis qui se demande où il a encore atterrit, ces scientifiques totalement infantilisant, ma arraché un sourire jaune. C'est ridicule, mais tellement parlant. Le cobaye, dégénéré, devenant le sauveur d'une autorité qui s'est réfugiée dans un stade autoritaire absolu ; bravo, Terry.

Et puis plus récemment encore, j'ai découvert la jetée. Alors j'ai compris. L'Armée des 12 singes n'est pas un film, mais une expérience à vivre et revivre, un labyrinthe à explorer encore et toujours. La force de cette oeuvre est de nous faire découvrir à chaque fois quelque chose de nouveau à travers un montage où le rêve se décline entre une réalité angoissante et un passé crasseux et pessimiste. La fatalité dans toute sa splendeur. Quelque soit le chemin emprunté, on revient toujours au même point. Chronos gagnera quelque soit l'artifice que l'on prendra. Pessimiste ce film ? Et si, finalement le message n'était pas optimiste au contraire : affrontons l'avenir, la clé est en nous... en attendant la prochaine fois (qui sait avec toi, amateur de Marchmakoï :))
Aqualudo

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