Je suis assez ennuyé de mettre une note si médiocre à ce film. Disons que c´est une moyenne entre une note sur le fond (10) et une autre sur la forme (4):
Sur le fond, le film rend bien compte de la difficulté pour la résistance de s´organiser sur le sol francais. Tout en soulignant le courage de ses membres, le film questionne véritablement l´utilité, sinon de la résistance au moins des hauts membres de sa hiérarchie. On ne voit d´ailleurs aucun acte de résistance à proprement parler, les protagonistes se contentant d´échapper aux allemands ou de sauver leurs propres collègues. Certains vont tout de même se déplacer à Londres mais échouent là-bas aussi à obtenir le soutien matériel des anglais, conscients de la faible marge de manoeuvre de leurs quémandeurs. De plus, l´organisation, dont la moindre dénonciation menace l´existence, repose intégralement sur la confiance et le silence de ses membres. Elle les soumet donc à une discipline d´airain qui la rend souvent aussi inhumaine que l´occupant allemand. D´ailleurs, les personnages échappent parfois aux allemands mais jamais à la résistance. Parvenant à montrer tout cela en mettant en scène des personnages en perpétuelle tension, interprétés d´ailleurs par des acteurs de talent, l´armée der ombres est sur le fond un film remarquable.
Reste la forme. J´aurais sans hésiter donné un 10/10 à ce film s´il ne contenait autant de scènes inutilement longues. Au milieu du film, Ventura est parachuté d´un avion de Londres dans la campagne francaise. La scène dure plus de cinq minutes. On n´y voit rien de plus que l´avion en l´air et Ventura dormant dedans. On suit également pendant plus de deux minutes des condamnés se passant un paquet de cigarettes dans une cellule. Les exemples de ce type foisonnent. La bande sonore extrêmement minimaliste et la rareté des dialogues ajoutent encore au manque de rythme du film. L´ambiance, que Melville voulait sûrement pesante, devient rapidement énervante. On le regrette d´autant plus que la mise en scène est vraiment soignée. Jean-Pierre Jeunet a du voir ce film avant de réaliser les siens. On y retrouve les jeux de couleur avec de jolies scènes rouges et vertes ou grises et bleues. Je ne sais pas si ce film aurait beaucoup gagné à être raccourci d´une demi-heure. La forme sert finalement plutôt bien le fond, évidemment, c´est pas la septième compagnie, c´est un film tragique avec des scènes dures et des personnages sans arrêt contraints à se remettre en question, sans arrêt tiraillés entre l´affection qui les lie et leur devoir envers l´organisation. On prend clairement moins de plaisir à regarder ce film qu´à en parler une fois apparu le générique de fin.