L'armée des ombres n'est sans doute pas un film qui a servi de socle à certains courants comme d'autres films français de la même décennie l'ont fait, pourtant il n'en reste pas moins l'un des chefs d’œuvre du cinéma Français. L'armée des ombres à été le chainon manquant dans ce qu'il m'a été donné de voir sur la résistance française. Entre toutes les comédies Françaises se déroulant sous l'occupation (Papy fait de la résistance, la grande vadrouille, 7ème compagnie...), difficile de réaliser, tenter de comprendre comment se passait vraiment la résistance, et difficile de demander à ses grands-parents "Mamie, c'était comment l'occupation?".
Le film est tranchant, sans pitié et sans morale non plus. Non, Gerbier n'est pas un héros qui finira décoré, Mathilde n'est pas la femme parfaite, les deux frères ne seront pas réunis à Paris lors de la libération et ne sauront pas qu'ils ont été cote à cote dans la barque. C'est la guerre et l'on résiste, l'engagement est total, on agit. Comment, à quoi ressemblait vraiment la résistance? Ici on y répond en montrant des hommes et des femmes face à la fatalité. L'homme fait face à la fatalité, sachant pertinemment qu'ils font face à plus fort qu'eux, et que la moindre erreur sera fatale, mais ils ne se posent pas de questions et y font face . On agit pas par haine des Allemands ou des traitres, mais par nécessité, il est nécessaire d'être impitoyable.
Au final, un film puissant, juste, sombre, mais aussi très humain et qui ne laisse pas indifférent (aurais-je aussi couru?). Jean-Pierre Melville apporte ici l'un des jalons manquant du cinéma Français sur une période controversée Française. Un moment de cinéma et d'histoire, dont ma critique n'arrive malheureusement pas à rendre honneur.