L'Armée des ombres hante ma mémoire. Ce film me glace le sang à chaque fois que je le revois et pourtant, je le revisionne de temps à autres sans m'en lasser.
L'Armée des ombres, ce sont Mathilde, Luc, Claude, Félix, Philippe et tant d'autres et si ce ne sont pas plus que des ombres, c'est parce qu'ils n'existent que dans le silence. Hormis eux, personne ne sait qui ils sont, personne ne sait ce qu'ils font et, plus encore, personne ne doit savoir, personne ne doit jamais savoir.
A l'écran, les ombres s'appellent Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, Paul Crochet, Jean-Pierre Cassel et ces ombres sont dirigées par Jean-Pierre Melville dont la référence est Joseph Kessel.
L'Armée des ombres est l'adaptation à l'écran d'une œuvre d'un Resistant par un Resistant et incarné par de nombreux Resistants. C'est ce qui rend ce film si unique. C'est ce qui rend ce film si authentique.
L'Armée des ombres est un film sombre, sans aucun doute mais, au-delà de sa noirceur, c'est un film d'une rare violence. La violence ici n'est pas seulement physique, elle est principalement psychologique. La violence n'est pas celle des coups mais celle de la peur. La peur d'être démasqué, la peur d'être arrêté, la peur de parler, la peur de conduire les siens à l'arrestation, à la torture, à la mort.
Il existe de très nombreux films sur la seconde Guerre mondiale, certains d'entre eux parviennent à traiter cette période avec justesse mais aucun de ceux-là n'arrive à la cheville de L'Armée des ombres.