intoxication collective de masse

Lire les critiques élogieuses me semble plus riche d'information que le film pour apprendre comment manipuler l'opinion publique.
Ce film serait réaliste et pas manichéen selon plusieurs critiques. :D
Quand je l'avais vu jeune il m'avait plutôt impressionné par son style et son propos cru et "réaliste" mais en le revoyant avec recul, je me rends compte des nombreux défauts sur le fond et la forme.
Sur la forme, il y a des longueurs. 2h20 pour un contenu qui tiendrait dans 1h30.
Sur le fond, il est certes moins manichéen et propagandiste que la production française de l'époque : le résistant n'est pas un super-héro sympathique et les allemands tous des salauds. On y voit des résistants assassiner un traître, chose plutôt classique pour le genre, mais de manière froide, un peu laborieuse et par strangulation pour être silencieuse. On nous dit que le résistant Felix ne parlera pas sous la torture et ce pendant plusieurs jours voir semaine. Oui bien sur c'est un héro résistant, un surhomme vous comprenez.
Ensuite certaines scènes plutôt invraisemblables m'ont paru grotesque et m'ont fait sourire comme pour un nanar (le résistant super-héro qui se dénonce pour se faire torturer, un sacré masochiste et qui donne son unique pilule de cyanure a son copain moribond). Un comble pour un film aussi dramatique et gris dans les tons visuels. Les tuméfactions noires des personnes torturés comme si c'était des mineurs de charbon. Et le générique final qui nous indique la fin tragique de 4 résistants alors qu'ils sont fictifs et une composition inspirés de plusieurs personnages réels. Malin et ça marche si j'avais pas vérifié sur wikipedia la supercherie. Ça participe avec la forme sobre a l'impression de réalisme du film pour le public naïf et crédule. :D

Alors une fois dit les défauts, Lino Ventura livre toute une performance d'acteur, on retrouve Paul Meurisse qui ne cabotine pas, Simone Signoret et ce film semble plus proche de la réalité même s'il reste encore des parcelles de romantisme résistant, de bravoure (tentative d’évasion par ambulance plutôt farfelue). Pour un ancien résistant comme Melville, on ne peut pas le lui reprocher.