Trotsky est malade, confiné et n'a qu'une influence limitée depuis son bunker. Il sera tué par un espion stalinien. Ce meurtre rappelle l'assassinat plus récent de Ben Laden par les US. Ces deux vieux hommes ne pèsent que par leur carrière et leur charisme. Mais en pleine guerre, la bataille symbolique est primordiale. Le vieux Ben Laden ne dirigeait plus grand chose et le vieux Trotsky peinait à se faire entendre depuis sa prison/demeure. Et bien qu'après leur mort, les luttes perdurent (terrorisme et anti-stalinisme), les vainqueurs du jour multiplieront les affiches, les journaux, les publicités pour glorifier leur victoire et dissiper les souvenirs de leurs défaites. Ce primitif désir de mort s'accroche aux émois impérialistes des gouvernements et de ses habitants. L'étranglement de Vercingétorix continue d'exciter le peuple romain.
La meilleure scène du film n'est pas l'assassinat de Trotsky, on l'avait déjà en tête depuis le début de film, mais sa très douloureuse métaphore. Le futur assassin du révolutionnaire va assister à une corrida avec sa femme. L'animal est entouré par une foule en délire qui n'attend que de voir l'agonie du taureau. Rien ne nous sera épargné et la caméra filme frontalement le rituel sacrificiel de sa pauvre victime. Ce spectacle agit comme une prémonition au personnage incarné par Delon. L'oracle de Delphes a parlé. Trotsky sera achevé par un pieu, le sang de la bête blessé va couler et le plaisir sadique de la population des vainqueurs sera assouvi.