Pour rejouer la prise d'otage du vol Air France 8969 à Noël 1994, Julien Leclercq s'est inspiré du style de Paul Greengrass, nouvelle valeur dominante du film d'action – et surtout de Vol 93 à cause de son thème comparable (l'attentat du 11/09 2001). La représentation se veut fidèle et concise, mais il faut de la tension, il faut aussi délivrer la marchandise comme s'il n'y avait pas l'argument historique.
Cela donne un semblant de docu-fiction où la portion documentaire est zappée en tous points. L'Assaut n'est donc pas très instructif. Il dresse un tableau estimable à quelques mensonges près concernant les moyens déployés hors de l'avion – là encore, c'est l'effort spectaculaire, qui évite toutefois la démesure (un évitement peut-être subi). L'agitation et l'enchaînement de claques définissent le film mieux que la nervosité ou l'intensité. L'inéluctabilité des drames ou des décisions à prendre et la puissance de l'événement font l'essentiel.
Dans les pics d'urgence ou les basculements, surtout le dernier (c'est-à-dire la prise d'assaut), l'énergie se déploie – se libère, pas tellement. La tendance à sur-dramatiser et à envoyer des musiques pas nécessaires elle aussi exulte dans ces moments-là. L'ajout de morceaux plus intimes paye peu mais c'est sans introduire de gêne ; le spectateur vivant à l'époque pourra y trouver des détails 'parlants', peut-être (par exemple, lors du passage dans un salon de classe moyenne). L'habillage est terne, vert-de-gris, ce qui apporte un côté suffoquant approprié mais fait aussi à la fois cheap et aligné.
Les personnages féminins font de la figuration, éventuellement flamboyante, cependant l'ensemble des personnages sont peu creusés – ce n'est pas leur heure. Enfin L'Assaut montre (par petites touches claires) la récupération politique (notamment par Balladur premier ministre et très bientôt candidat aux présidentielles – éjecté du second tour par Chirac, décidément coutumier du fait). Il met l'accent sur le fanatisme des islamistes et par suite leur brutalité, extrême mais sans 'mesquinerie'. La brigade d'intervention du GIGN sort bien sûr grandie et le général Favier est intervenu sur le tournage en tant que conseiller.
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