Dans Santa Claus (1898), un de ses premiers films (et le premier de l'Histoire où apparaît le Père Noël), George Albert Smith montrait sur un même plan deux actions différentes, grâce à la superposition d'un insert où le père Noël s'affairait.
Avec Ce qu'on voit dans un télescope (aussi appelé L'Astronome Indiscret), il utilise le découpage pour placer des séquences de nature différente dans une même scène et sans changer de lieu (contrairement au Baiser dans le tunnel l'année précédente). Du plan de demi-ensemble 'trivial', le film glisse subitement vers le plan subjectif, où le spectateur voit la même chose que le protagoniste, comme s'il enfilait son objectif. Ce que le vieux voit à travers le télescope est vu en gros plan, cerclé sur un fond noir.
Un tel point de vue est sans précédent, même si on peut en trouver des prémisses. Si Méliès (inspiration majeure de Smith et par conséquent de l'école de Brighton) a prodigieusement nourri le cinéma en terme de trucages, il n'a jamais reconsidéré le cadre 'entier'. En outre, il a étalé à l'écran ses fantaisies, mais n'a pas joué sur la distance avec le spectateur (ce que The Big Swallow poussera à un point de rupture dès 1901), ni ne lui a offert en supplément d'une vue donnée avec un ou des protagonistes, l'aperçu individuel de l'un d'entre eux.
Le plan subjectif est donc un bond en avant pour le cinéma, ce qui fait de As Seen through a télescope plus qu'un exploit local (contrairement à un film comme La Lune à un mètre ou au Voyage de Gulliver). Néanmoins cette mini-séance marque peu de points hors de la technique pure. Le film arrive à être extrêmement répétitif en tout juste une minute et ce qu'on voit au travers du télescope est pauvre. Le petit gag de la fin est tout ce qui relève le contenu. Juste après cet essai, George A.Smith accomplira La Loupe de grand-mère, qui proposera plusieurs de ces plans subjectifs. C'est celui-là qui est généralement retenu pour saluer l'innovation.
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