L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu par Chro
Par Guillaume Loison
L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu commence là où la vie du dictateur s'arrête : dans la célèbre salle de classe qui servit de cadre à son procès, au bras de sa femme, sa déchéance saisie par un mauvais caméscope, image mythique qui préfigure l'esthétique granuleuse de la justice expéditive moderne, dix ans avant Al-Qaida. Mais si la séquence compte parmi les plus fortes de la révolution roumaine, elle le doit aussi à la prestation de Ceausescu lui même, vieillard pathétique, obscène et roublard, qui pointe avec une pertinence surréaliste l'illégitimité des juges qui le condamnent à mort. Commencer ainsi trois heures d'archives officielles par la seule séquence sur laquelle le dictateur roumain n'eut aucun contrôle après vingt-quatre ans de règne sans partage, n'a pourtant rien d'un pied de nez. Elle pose le vrai sujet du film : le visage du tyran, symbole d'autorité renforcée par une éternelle bonne bouille.
Une bonne bouille qu'Andrei Ujica compile dans l'ordre chronologique via ces fameux protocoles dont raffolait le dictateur, de sa prise de pouvoir en 1965 à sa chute en 1989. Discours ultra nationalistes (notamment en réaction contre le grand frère soviétique) visites officielles, fêtes nationales et anniversaires célébrés à la nord-coréenne, élections fantoches d'un Parlement aux ordres : cette constance pour la mise en scène et les symboles forains l'inscrivent évidemment dans la lignée d'un Staline ou d'un Hitler, peut être en plus pop (même les footballeurs, les cyclistes ou les volleyeurs chorégraphient leur sport lors des défilés populaires). Mais ce qui le distingue de ses aînés est cette comédie du chef sympa qui emprunte moins à la tradition virile des régimes autoritaires qu'au culte du dirigeant simple des démocraties occidentales. (...)
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