Mad Orphée
Highway to Hell oscille entre le bricolage malin et la démesure (narrative, esthétique), les élans superbes et les coups de frein donnés à la dynamique d’ensemble. Cette relecture tonitruante du...
le 24 mars 2023
3 j'aime
Voir le film
Highway to Hell oscille entre le bricolage malin et la démesure (narrative, esthétique), les élans superbes et les coups de frein donnés à la dynamique d’ensemble. Cette relecture tonitruante du mythe d’Orphée et d’Eurydice surprend par sa profonde liberté, quoiqu’elle se revendique de l’influence de la saga Mad Max (George Miller) et, plus généralement, du cinéma australien – on pense aussi au Razorback (1984) de Russell Mulcahy pour la peinture d’une faune dégénérée qui réagit à l’arrivée de personnages étrangers, ou encore à l’escouade terrifiante de The Cars That Ate Paris (1974) conçue par Peter Weir. Le décor désertique, ici capté dans les canyons de l’Ouest américain, partage cette attention portée à l’Outback, ensemble de territoires délaissés dans lesquels survivent les déclassés, les marginaux et les criminels ; en faire la zone d’entrée vers l’Enfer est une idée plutôt pertinente, rejoignant le calvaire enduré par la famille américaine moyenne dans The Hills Have Eyes (Wes Craven, 1977). Le visage de l’agent de police rappelle d’ailleurs les difformités faciales des cannibales.
Pourtant, l’ambiance électrique qui pèse sur le long métrage, l’écriture du scénario par étapes balisées qui insère Charlie dans un récit d’apprentissage de la violence adulte, la fétichisation de la figure du policier, l’attrait pour les courses de bolides lancés à toute allure, les situations proches du buddy movie, l’adoption d’un jeune garçon, tout cela ancre résolument le film dans le cinéma d’action de son temps. Sa qualité principale réside alors dans l’univers mis en place, digne d’un conte initiatique : chaque lieu traversé en véhicule est visité, qu’il s’agisse de la taverne, de la boîte de striptease, du diner où l’on fait cuire viandes et œufs à même le sol du seuil extérieur ; la course-poursuite est l’occasion d’une cartographie surréaliste de ce parc d’attractions horrifiques, plein de mirages et de déjà-vus. La composition des plans n’est pas sans rappeler certaines toiles de Salvador Dalí, augmentées d’un bestiaire satanique tout droit sorti des œuvres de Jérôme Bosch – nous apercevons d’ailleurs l’une d’elles dans l’antre du démon. Highway to Hell propose donc, à sa façon, un dialogue entre les arts : il mêle astucieusement références picturales, cinématographiques et musicales au profit d’un long métrage jouissif quoique inégal par moments – la scène réunissant Adolf Hitler et Cléopâtre laisse à désirer… – et convertit un budget modique en une source de créativité apparemment inépuisable. Une curiosité à découvrir, signée par un réalisateur hollandais autre que Paul Verhoeven : Ate de Jong.
Créée
le 24 mars 2023
Critique lue 76 fois
3 j'aime
D'autres avis sur L'Autoroute de l'enfer
Highway to Hell oscille entre le bricolage malin et la démesure (narrative, esthétique), les élans superbes et les coups de frein donnés à la dynamique d’ensemble. Cette relecture tonitruante du...
le 24 mars 2023
3 j'aime
L'Autoroute de l'Enfer est un film fantastique un peu oublié du tout début des années 90, encore très marqué par les eighties et qui mérite largement d'être redécouvert. Le film est réalisé par le...
Par
le 20 mai 2022
3 j'aime
5
J'avais découvert il y a quelques années ce film et j'en gardais un bon souvenir, et je le revois avec autant de plaisir. Tourné par le néerlandais Ate de Jong mais production américaine ce film...
Par
le 11 août 2024
2 j'aime
5
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14