L'Autre
7.1
L'Autre

Film de Robert Mulligan (1972)

C'est un sentiment très partagé qui m'envahit à la fin du film de Robert Mulligan. Je lui reconnais en effet de belles idées, qui ont certainement inspiré quelques cinéastes par la suite (Shyamalan et son 6ème sens) mais son rythme manqué m'a fait trouver le temps très long. Il est évident que la lenteur relative qui accompagne les images est souhaitée. Pendant toute la première partie de son film, Robert Mulligan joue en effet avec son montage pour nous lancer sur différentes pistes. A l'identique qu'il fait jouer le jeune garçon dont il est question dans son histoire, il fait participer le spectateur en l'invitant à trier le rêve du réel des actions de son trublion. Le problème, c'est que si l'on a vu plus de deux films dans sa vie, on comprend bien trop rapidement de quoi il en retourne. Dès lors, il ne reste plus que quelques zones d'ombres peu enthousiasmantes à éclaircir, en tout cas pas assez stimulantes pour accepter de continuer à jouer un jeu que l'on a déjà fini.

C'est rageant parce que lorsque la fin nous fait enfin l'honneur de sa présence, c'est pour nous en mettre plein la tête. Très noire, sans concession, elle conclut avec un désespoir profond une bobine marquée jusque là par l'insouciance de son protagoniste. Ce dénouement n'aurait certainement pas eu cet impact s'il n'avait pas été précédé d'une bonne heure et quart de scénettes contemplatives, j'en conviens. Mais il demeure tout de même trop anecdotique et vite expédié pour justifier ce rythme bancal l'ayant précédé.

Pourtant, Robert Mulligan fait preuve d'un joli sens du cadre et de la mise en scène. Il génère même de très belles ambiances, parfois glauques mais aussi très poétiques. Mais il s'embourbe malheureusement lorsqu'il fait jouer ses deux jumeaux. On le sent trop obsédé par la précision de ses images dans un but de brouiller les pistes plus que de raison, ce qui a l'effet inverse. A tel point qu'on se demande si ce n'est pas souhaité de sa part de nous donner toutes les cartes dès le premier quart d'heure. Auquel cas, je trouverais l'intention encore plus maladroite.

L'autre est un film rempli de belles intentions, traversé d'idées intéressantes mais bien trop furtives pour marquer un spectateur qui peine à maintenir le regard à l'horizontal jusqu'à la fin, noire et désespérée, qui sonne la délivrance d'un ennui bien trop présent.
oso
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le 8 avr. 2014

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oso

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