Etant comédienne de théâtre et de cinéma, ce fut un choc de découvrir L’Autre Côté du Miroir.
D’abord parce qu’aucun film ne m’aura menée à un lieu si intense de participation en tant que spectatrice, rôle inhabituel pour moi ! C’est une expérience unique, une redécouverte de la vie, du regard et du son au travers d’une spirale cinématographique qui vous emmène jusqu’au vertige. Le montage hyper audacieux, la bande-son d’une extrême richesse, la lumière, les plans de nature qui occupe une place à part entière comme si elle était un personnage du film, une place puissante, émouvante… Ce film est un flux ininterrompu de beauté où coule l’intelligence, j’ose le dire : c’est du génie ! De ce fil narratif étrange précis et fin, il me reste le vertige de la page blanche, la lutte animale incessante pour le territoire, la chasse du désir, la lutte des classes, la délivrance d’une parole demeurée « sous le voile ». Je suis pourtant restée dubitative devant une scène de bagarre qui parait redondante et pas vraiment réelle. Etonnante ou apparente maladresse dans une œuvre d’une telle maîtrise. Serait-ce pour signifier qu’entre les hommes le combat à mort ne s’arrête jamais, jusqu’à l’absurde ? Je reste impressionnée aussi par l’état des lieux de la crise planétaire, montrée sans accusation ni partis pris, et par le moment-pivot du film, une scène de sexe qui mène à l’extase, le tabou même. Ma profonde reconnaissance aux acteurs pour avoir bravé les interdits jusqu’à la censure. L’Autre Côté du Miroir, c’est la vie qui s’expose et explose tout ce qu’on peut penser d’elle. Merci