Quintessence de la romance de Noël telle que l’ont créée puis déclinée les États-Unis – Miracle on 34th Street (George Seaton) sortira sept ans plus tard –, Remember the Night suit la trajectoire classique de la rédemption par étapes, depuis la condamnation judiciaire du larcin jusqu’à la volonté de plaider coupable, avec le recours à une matière fictionnelle et aux péripéties associées comme vecteurs de transformation progressive du personnage. La singularité du long métrage réside pourtant dans le choix d’une femme, Lee Leander, comme sujet d’observation et de correction, qualifiée tour à tour de kleptomane, de schizophrène ou de victime hypnotisée par la société de consommation, alors qu’elle cache en réalité des blessures liées à l’enfance et une fragilité qu’interprète parfaitement Barbara Stanwyck. Son rachat aux yeux de l’avocat et de la société rappelle celui de Scrooge dans A Christmas Carol (Charles Dickens, 1843).
Non sans une certaine lourdeur d’exécution, non sans une douce niaiserie quand il s’agit de faire rire, le film met en place une série d’antithèses, dans la tradition du conte de Noël, à l’instar des foyers respectifs de Lee et de John ; l’austérité de la mère de l’une s’oppose à la chaleur humaine du cousin Willie, de la tante Emma et de la mère de l’autre ; à l’isolement répond le vivre-ensemble, avec ses chants joués au piano, ses photos d’autrefois dans de petits cadres posés sur la table basse du salon, ses cookies légèrement brûlés. La puissance de certaines scènes provient de la magnifique photographie de Ted Tetzlaff, iconisant une balade devant les chutes du Niagara ou le réveillon durant lequel les couples de danseurs sont bariolés de bolducs multicolores. À découvrir au coin du feu.