L'espoir

Tout dans L’Échange aurait put être poussif et académique, mais Clint Eastwood en a décidé autrement et son film s'avère Ô combien dramatique c'est vrai mais incroyablement puissant aussi dans sa démarche.

Je me souviens m'être rué sur ce film car Angelina Jolie y tenait le premier rôle, mais je remercie mille fois la belle Angie de l'avoir acceptée car c'est en partie grâce à ce film que je me suis ouvert à d'autres genres au cinéma. L’Échange représente pour moi un temps fort de ma cinéphilie et même si le film est imparfait, je dois admettre que je ne peux pas m'empêcher de le mettre sur un piédestal.

Il n'est pas si facile que cela de traduire à l'image l'amour maternel, pourtant Clint Eastwood, qui est tout de même celui que l'on attendait le moins sur un sujet pareil, se révèle plein de délicatesse pour permettre à Angelina Jolie de composer avec ce rôle aussi poignant que complexe. Interpréter Christine Collins n'a rien d'aussi simple que l'on veut bien le croire. N'oublions pas que jusqu'alors Angelina Jolie n'avait jouée que dans des gros films d'actions hormis de rares exceptions, il s'agissait donc dans un premier temps de casser cette image d'actrice plus bad-ass que talentueuse. L’Échange permet justement à l'actrice de montrer qu'elle est capable de jouer à la fois la douleur, le chagrin, la rage et le désarroi. Cette dernière est juste et délicate, laissant transpirer à travers tous les pores du personnage l'amour et la douleur d'une mère face au doute quant à la disparition de son fils.

L’Échange nous parle d'espoir et de corruption, il met en avant dans un premier temps le drame pour mieux mettre l'accent ensuite sur la place de la femme dans les années vingt et il s'emploie aussi à mettre en lumière la face sombre et souvent tabou de ceux qui sont censés faire régner l'ordre. Vu comme ça c'est assez facile, mais ce que raconte avant tout le film c'est comment une société est capable du pire pour traiter une affaire et en retirer tout le bénéfice. Ici il s'agit d'user du malheur d'une mère pour redorer le blason d'une équipe de flics corrompus jusqu'à la moelle. Mais à travers cela il faut surtout y voir cette manipulation constante que l'on peut constater tous les jours mais à laquelle nous ne prêtons pas attention. Comme lorsque de grands drames secouent notre monde et que les médias jouent la carte de la sensibilité, que les politiques quant à eux utilisent ces drames comme des arguments ... etc. Il y a pleins d'exemples comme cela. Certes à son niveau L’Échange ne dénonce sûrement pas grand chose et la plupart des gens n'y verront sûrement qu'un film dramatique dans lequel Angelina Jolie se révèle plus convaincante qu'à l'habitude. Mais à mes yeux le film va plus loin et c'est pour cela que je l'aime, parce qu'il me rappelle à quel point le cinéma est art puissant, capable d'ouvrir les esprits et la pensée individuelle, capable d'éveiller les interprétations, car au final bien souvent tout n'est qu'affaire d'interprétation.

Alors oui L’Échange joue sur la sensibilité du spectateur, bien que Clint Eastwood n'ait pas peur de choquer en insérant certaines séquences assez durs, oui le film était sûrement aussi l'occasion pour Angelina Jolie de prouver son vrai talent d'actrice, mais et alors ? Est-ce grave ? Est-ce mauvais pour autant ? Non assurément, puisque le métrage est parfaitement orchestré. La musique jazzy-sombre vient parfaire une mise en scène inspirée, la reconstitution du Los Angeles des années vingt est bluffante et le film se plaît pour notre plus grand plaisir à traduire toute la rage d'une mère victime d'un système abject (

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J'aime ce film et j'aime Angelina Jolie pour ce rôle en partie, au-delà de tout ce qui a fait et fait encore le cinéma de Clint Eastwood, L’Échange comme Mystic River se révèle être l'une des ses oeuvres les plus poignantes et fortes. Du beau cinéma qu'il est toujours important de souligner !