Présentation du travail de Cai Guo-Qiang à travers un projet majeur pour lui : celui ce réaliser une échelle (de lumière) reliant la terre et l'espace. Le début du documentaire retrace ses précédentes tentatives et présente rapidement le projet.
Par la suite, même si on continue de suivre de loin les préparatifs, on s'attarde un peu plus sur sa carrière de manière générale, à travers des expositions ou des projets passés.
Le film est parfois un peu incohérent sur la forme : on passe d'un côté policier (photos d'archives, témoignages, musique qui fait monter le suspens) à une vision se voulant presque métaphysique des explosions (cadrages, accentuation des mouvements ralentis, petite musique...). Bref, ça mélange un peu tout.
Il y a pas mal de scènes extrêmement gênantes, comme celles où il rend visite à certains de ses ancêtres (son père, sa grand-mère) afin de leur parler de son grand projet. Pour moi, ça entre dans la vie personnelle de l'artiste, et n'apporte pas grand chose ici. Certes, on nous explique que Caï fait ça pour sa grand-mère, mais j'aurais préféré l'entendre nous parler de son projet que de le voir téléphoner en direct à celle-ci, d'autant qu'il n'y a pas trop de réactions de sa part...
Dans le même genre, la caméra insiste énormément sur ceux qui versent une larme, quitte à les filmer en gros plan au milieu de la discussion. C'est assez lourd, je me demande franchement pourquoi est-ce qu'on ne les laisse pas tranquilles.
Heureusement on a aussi quelques passages qui analysent un peu plus le travail, même si ça ne va pas forcément très loin. La présentation de son exposition, par exemple, apporte des précisions utiles. Le parallèle avec la révolution culturelle chinoise est aussi bien amené et semble évident quand on relie les destructions culturelles et les explosions de Cai.
On a aussi deux ou trois scènes efficaces où une critique d'art parle du travail de Cai Guo-Qiang en se montrant, justement, critique. Sans aller jusqu'à démolir le travail de l'artiste, elle pointe quand même quelques défauts, notamment la frontière entre art et divertissement. Elle désigne en particulier les projets réalisés en collaboration avec le gouvernement chinois. Il y a aussi la question du travail d'un artiste après son succès : comment continuer d'innover, dépasser son travail quand on est déjà allé très loin...
Dans l'ensemble, tout ça est très beau, et on a un bon aperçu (certes un peu rapide) du travail de l'artiste. Malgré tout, le film manque encore d'analyse, et de détails sur ses intentions.
Dans l'une des dernières scènes faisant intervenir la critique d'art, on lui pose la question du concept artistique [sic] d'un projet en particulier, et elle répond qu'elle n'en a aucune idée : tout s'est perdu en route et il n'en reste rien. Seulement à aucun moment on ne nous pose la même question concernant un projet plus réussi sur ce point. Pourquoi ne pas détailler la volonté de ce projet d'échelle et tout ce qu'elle implique ? Pourquoi ne pas entrer dans l'analyse ? Des tas de questions n'ont d'ailleurs que des esquisses de réponses à la fin du film : Qui exactement a été invité, et pourquoi ? Pourquoi refuser de communiquer à ce sujet ? Est-ce illégal en Chine ? Craint-il un rejet des autorités ? Un envahissement des médias ? Qu'est-ce qui lui fait considéré la réussite de ce projet ? Est-ce qu'il a été exploité par la suite ? Comment a-t-il poursuivi sa carrière ?
Bref, trop d'intime et pas assez de communication.