Pour que l’école soit finie, il faudrait d’abord qu’elle ait commencé. Car que voyons-nous ici de l’école, sinon le bâtiment, la cour, la salle des professeurs et la salle de classe, le plus souvent traversée de boulettes de papier – certainement les photocopies des manuels scolaires distribués quelques minutes auparavant –, le conseil de classe, les pots d’arrivée et de départ, petits biscuits et champagne grossier ? Le film est une surface lisse sur laquelle glissent tous ses enjeux, de la mobilité des jeunes enseignants envoyés malgré eux dans des villes voire des académies qu’ils n’ont pas choisis à la difficulté de transmettre et de se faire respecter par sa classe, de l’identité apatride du professeur entre deux horizons – celui dont il vient, celui où il doit être – à la cohabitation avec un couple âgé dont la femme souffre de pertes de mémoire.
Il était pourtant fort pertinent de rejouer en mode mineur le choc des cultures depuis la salle de classe vers la maison habitée avec ses propriétaires, occasion d’une double et parallèle adaptation. Mais non, les deux microcosmes ne s’influencent jamais, sinon lorsqu’il s’agit d’accueillir le séduisant professeur de mathématiques dont la seule preuve de sa fonction réside dans la règle pour le tableau qui dépasse de son sac à dos. Car des enseignants on nous en présente beaucoup, enseignants que nous ne voyons jamais enseigner, seulement se plaindre, photographier les copies de leurs élèves pour rigoler un bon coup, s’amouracher sur le quai de la gare.
Que l’école devienne à ce point un prétexte à la romance la plus sirupeuse écœure autant que le personnage féminin qui l’anime, Parisienne insultante pour Paris et la Picardie qu’elle vulgarise de son simple regard. S’il fallait trouver une réussite à L’École est finie, ce serait celle-ci : déplacer la vulgarité souvent associée au cadre régional – la province, vaincue à cause de sa boue, ses maisons en brique, sa rusticité environnante, son Kevvin avec deux v pour la beauté du geste, tout cela est bien connu ! – en direction de cette enseignante à peine titularisée à qui l’on ne confierait même pas des animaux à garder. À l’image de la production tout entière, aussi mal mise en scène que bêtement écrite, n’ayant visiblement que peu mis les pieds à l’école, et jamais encore au cinéma.