On a beau s'appeler Michel Gondry, avoir fait pleurer bien des adolescents sur ses films profondément niais et parfois merveilleux, il faut savoir rester à sa place: celle d'un réalisateur qui adapte un des plus grands romans de la littérature contemporaine d'un des plus grands personnages français: Boris Vian.
Et détrompez vous: je ne suis pas jalouse. Je suis furieuse, oui, folle de rage! Car Michel Gondry m'a menti, m'a dupé en finesse comme le pire des salauds!
Il a endormi ma méfiance, avec ses belles images qui me juraient fidélité au livre, avec Romain Duris que j'ai commencé à aimer, Omar Sy que j'ai enfin pris au sérieux et Audrey Tautou que j'avais jugée trop peu subtile pour ce rôle... Détrompez vous car j'ai souri, nous avons tous fait ça, puis nous avons perdu nos couleurs chaudes, nous laissant glacer quand tout rapetisse, passe au noir et blanc au fil de la tige du nénuphar que Sophie attrape et qui contamine ce monde étrangement mignon. J'y ai cru, au film presque parfait, parce que j'ai entrevu l'univers de Boris Vian, je me suis dis quel bel hommage, quel respect pour l'homme qui fut et qui nous écrivait des histoires si belles et si tristes.
Mais Michel Gondry est un fourbe, un sadique triplé d'un prétientieux: oui mesdammes, oui messieurs: il a changé la fin du livre!
Peut-être n'a-t-il pas su rester à sa place? Le nénuphar dans son cerveau corrompu l'a rendu analphabète et il s'est pris pour un Nolan: à vouloir caser des flingues partout et BOUM: on tire sur les nénuphars qui passent mais on retire toute la poésie de l'auteur.
Je vous vois venir, vous, petits cinéphiles qui n'avaient même pas ouvert le bouquin: descendre un film pour les deux dernières minutes; c'est tatillon et injuste car vous avez pleuré plus encore que sur la ligne verte. Je vous réponds que moi aussi j'ai pleuré, car j'ai été trahie par ces spectateurs incultes et émerveillés, trahie par un cinéaste qui pensait être un auteur et qui a gâché ce qui aurait pu être un des plus grands films de cette décennie.
AliceTrolet
4
Écrit par

Créée

le 10 mai 2013

Critique lue 323 fois

2 j'aime

1 commentaire

Alice Trolet

Écrit par

Critique lue 323 fois

2
1

D'autres avis sur L'Écume des jours

L'Écume des jours
Deleuze
6

Audacieux

Il faut être fou pour adapter "L'écume des jours", ou ambitieux, en fait je crois que ces deux choses vont ensemble. La chose que l'on remarque dès les premières minutes et qui sera vrai pour le...

le 25 avr. 2013

81 j'aime

37

L'Écume des jours
guyness
4

Bricolage ingrat

J'ai vraiment eu envie de mettre un 5 parce qu'il me semblait que c'était la pire note que le film pouvait recevoir. La punition la plus cruelle. Gondry, que j'aime beaucoup, adaptant Vian, ça ne...

le 30 août 2013

45 j'aime

17

L'Écume des jours
eloch
6

Feu d'artifices

J'ai hésité longtemps pour ma note car derrière la beauté des plans, du décor, des trouvailles qui transportent pendant la première heure et continuent un peu à émerveiller pendant un petit temps...

le 27 avr. 2013

45 j'aime

2

Du même critique

Nos séparations
AliceTrolet
9

Critique de Nos séparations par Alice Trolet

Fritz aime Alice: il aime ses cheveux lisses, sa ronde de rires, quand elle parle allemand et même quand elle gueule. Mais Fritz se perd dans sa vie d'adulte, entre les jambes de sa patronne et dans...

le 12 avr. 2013

5 j'aime

Je vais bien, ne t'en fais pas
AliceTrolet
2

Critique de Je vais bien, ne t'en fais pas par Alice Trolet

J'ignore ce qui m’agace le plus: les yeux globuleux et larmoyant de Mélanie Laurent, Kad Merad qui s'obstine à surjouer dans des drames ou la diégèse elle-même. Un scénario volé aux frères Malandrin...

le 27 déc. 2012

4 j'aime

Où est la main de l'homme sans tête
AliceTrolet
10

Critique de Où est la main de l'homme sans tête par Alice Trolet

Fils de psychanalistes, les frères Malandrin allient cinéma et psychologie pour un film sombre, fin, brillant et malheureusement bien trop peu connu. Ulrich Tukur (que l'on retrouve dans le ruban...

le 27 déc. 2012

3 j'aime

1