L'élite du polar
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le 6 mai 2013
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3 flics, 3 histoires, 3 destins qui se nouent autour du quartier de Brooklyn pour le meilleur et pour le pire. A travers ces 3 personnages le film passe en revue les différents visages de la Police ainsi que les différentes difficultés qu'elle rencontre : des problèmes de moralité, des problèmes de reconnaissance aussi bien pécuniaire que symbolique et des problèmes de conviction.
Une densité de thématique qui offre un portrait tout en mesure de policiers, loin des archétypes réducteurs habituellement répandus. Sont ils ripoux ou bien désespérés ? Sont ils du côté des justes ou juste de celui des puissants ? Sont ils réalistes ou bien insensibles ?
Pendant une bonne heure le film jongle avec ces notions au travers de 3 personnages complexes et attachants car d'une humanité palpable. Le Brooklyn décrit par le film semble vraiment prendre vie. L'atmosphère est prenante, crédible. Le tout est renforcé par un casting bien senti : à commencer par Richard Gere et Ethan Hawke, tous deux très bons dans leurs rôles, et complété par une multitude de second rôles bien trouvés (dans lesquels on retrouve d'ailleurs pas mal d'excellents acteurs de la non moins excellente série "The Wire" ).
Cependant il est difficile de faire abstraction de Don Cheadle, bon acteur au demeurant mais absolument pas tailler pour le rôle qu'il tient. Difficile à dire si c'est son attitude, son regard ou autre chose mais en Hard-Boiled-gangsta il n'est pas crédible du tout. De sa première à sa dernière scène on a du mal à y croire : il peut porter tous les baggys, les chaines en or et les bérets qu'il veut, ça n'y change rien. C'est à ce point gênant que, lorsque les membre de son crew cherchent un indic' parmi eux, on se demande pourquoi il ne se fait pas griller d'office tant il fait tâche dans le décor.
Bref, une fois qu'on a ces personnages il faut bien en faire quelque chose et c'est précisément là que le film se prend les pieds dans le tapis. la second moitié du métrage patauge, les personnages n'évoluent plus autant qu'il le devrait, les seconds rôles sont laissés de côté et les situations sont délayées inutilement.
Un problème que l'on doit à Antoine Fuqua, le réalisateur, qui n'arrive plus à séparer le nécessaire du superflus.
Le film confond alors réalisme et lourdeur, il sacrifie le rythme sur l'autel de la lenteur pour la lenteur. Il aurait fallu délester le film d'une bonne demie-heure ou alors en profiter pour développer les personnages secondaires (le meilleur ami d'Ethan Hawke, le personnage de Wesley Snipes ou celui du génial Michael K. Williams par exemple) pour apporter la substance qu'il manque à cette seconde partie.
Le côté "3 histoires en parallèle" est d'ailleurs particulièrement mal exploité puisque le scénario noue les 3 histoires lors du final mais la mise en scène, molle au possible, s'évertue à les séparer, à les distinguer.
Au lieu de réfléchir en terme de montage croisé la mise en scène déroule les 3 épilogues à la que leu leu si bien qu'on subit une cascade successive de 3 conclusions au lieu d'une seule regroupant les 3 histoires. La force et l'impact de ces histoires, et des personnages qui y sont attachés, diminue grandement et le (joli) plan final parait donc terriblement forcé car vain.
"L'élite de Brooklyn" est typiquement le film que tu regrettes de ne pas pouvoir aimer plus que ça. Beaucoup d'ingrédient sont là (la majorité du casting, les personnages et leur psychologie, la peinture nuancée de New York) mais la sauce ne prends pas. Antoine Fuqua a un certain sens de l'esthétique (même si on peut reprocher un pointeur laxiste et donc une utilisation du flou peu maitrisée ainsi que quelques raccords très laids) mais il n' a décidément pas de sens de la narration : s'il sait filmer une histoire, il ne sait pas la raconter pour autant.
Créée
le 28 déc. 2010
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