The Child , petite production horrifique sorti en 1977 demeure le seul et unique film du réalisateur américain d'origine arménienne Robert Voskanian. Un film à très petit budget, un projet d'étudiant inspiré par La Nuit Des Morts Vivants dont le tournage débute en 1973 pour se terminer trois ans plus tard. The Child est un film très étrange dans lequel rien ne semble fonctionner vraiment mais dont l'addition des défauts finit par accoucher d'un assez fascinant cauchemar cinématographique cohérent dans son incongruité .
The Child nous raconte l'histoire d'Alicianne (Laurel Barnett) une jeune femme qui dans les années 30 se fait engager comme nourrice pour s'occuper d'une jeune fille dont la mère vient de mourir. Arrivée dans une maison perdue dans les bois et proche d'un cimetière, la jeune femme va découvrir que la jeune Rosalie (Rosalie Nordon) est une bien étrange petite fille aux pouvoirs paranormaux.
Faute de moyens, d'expérience et parfois peut être même un peu de talent The Child est un film complètement bancal autant dans sa narration que dans sa mise en scène. Le film qui combine les thématiques de l'enfant maléfique et des morts vivants possède une structure narrative un peu lâche se contentant finalement de son concept général pour créer un pur film d'atmosphère. Objectivement le film s'articule sur une histoire très classique et ne raconte pas beaucoup plus que ce qui ressort des grandes lignes de son scénario. On a toutefois un concept assez original avec une gamine aux pouvoirs étranges capables de diriger des potes morts vivants afin de venger la mort de sa mère (dont on ne saura quasiment rien). Pour le reste on connaît tous les ingrédients par cœur avec immense bâtisse lugubre et isolée, cimetière brumeux, voisine qui met en garde la nouvelle venue, innocente nourrice, patriarche pas très accueillant et gamine blonde inquiétante aux pouvoirs de télékinésie et au rire diabolique particulièrement agaçant. Ce qui va faire toute la différence avec The Child c'est son ambiance pour le moins particulière. Effectivement tout ou presque dans ce film semble bizarre, décalé, approximatif, bancal et mal foutu même si au final le moins par le moins finirait presque par faire le plus et que se dessine au milieu d'une sorte de chaos généralisé de l'accident cinématographique la patte potentielle d'un véritable réalisateur. Après un temps d'adaptation à se dire mais qu'est ce que c'est que ce truc, le film finit par vous happer doucement dans une sorte d’état hypnotique cotonneux proche du mauvais rêve assez fascinant. Rien n'est vraiment bon mais rien n'est profondément mauvais, juste une sensation de décalage permanent avec le réel qui donne au film une étrange singularité. Les effets de montage parfois bien trop brutaux, le jeu approximatif du casting , les cadrages bizarres qui coupent parfois la tête des personnages, les angles de caméras tordus, les dialogues entièrement réenregistrés en post synchronisation, les effets spéciaux et maquillages rudimentaires mais bien gore, l'ambiance vaporeuse, les comportement étranges tout se conjugue au final pour livrer un film assez fascinant dont certains instants font carrément penser à la poésie macabre de Lucio Fulci.
Mais l'ingrédient le plus important de l'ensemble reste tout de même la bande originale hallucinante signée par Rob Wallace. Une musique expérimentale, envahissante, répétitive, omniprésente, dissonante, désagréable et extrêmement stressante dans tous les sens du mot. Cette bande originale absolument pas mélodieuse, bourrée de bruitages électroniques bizarres, de samples de vent, de notes frappés sur un pauvre piano qui n'avait rien demandé fait clairement monter le malaise de quelques degrés. C'est clairement le genre de bande originale dont l'écoute à plat et sans les images du film m'attire autant que la perspective de me faire l'intégrale de Hélène Ségara sans possibilité de sauter par la fenêtre. Bon j'exagère un peu car la ligne mélodique au piano de certains morceaux est plutôt jolie. Après cette toute première bande originale Rob Wallace semble avoir plus ou moins disparu durant quinze ans, j'imagine que c'était le temps de lui remettre sa camisole et qu'il termine son internement. Dans les années 90 on le retrouvera toutefois comme compositeur de musique de jeux vidéos tels que Mario Is Missing ou Mario Time's Machine.
The Child est au final un pur film d'atmosphère peut être servi par ses défauts et ses approximations qui lui confère toute l'étrangeté de son ambiance de cauchemar éveillé. On pourra trouver l'expérience un peu chiante ou bien comme moi se laisser happé par l'univers bizarre du film.