L'enfant De La Nuit, La Tua Presenza Nuda !, What The peeper Saw, Diabolica Malicia, Les Emotions d'Un Jeune Voyeur, Night Hair Child voilà quelques uns des titres pour lesquels on retrouve ce film réalisé par Andrea Bianchi et James Kelley sorti en 1972. Un film aussi convenu dans sa mise en scène que sulfureux dans son intrigue ce qui lui vaudra au cours de son exploitation de nombreuses coupes et interdictions selon les pays et les époques. Car si on a l'habitude de voir des sales gosses à l'écran il est plus rare que leurs vices et leurs perversions soient à ce point directement associé à la sexualité.
L'enfant de La Nuit nous raconte l'histoire d'Elise une jeune femme qui après avoir rencontré un nouveau compagnon dont la femme est décédée fait la rencontre de son fils Marcus. Assez rapidement un jeu pervers de domination et de faux semblants s'installe entre Marcus et la jeune femme persuadée que le gentil garçon choyé par son père et soit disant traumatisée par la mort de sa mère n'est pas aussi innocent qu'il le semble.
L'enfant De La Nuit est un film qui s'articule donc autour d'un singulier trio constitué de Elise la jeune femme, Marcus le gamin et du père de famille un peu plus en retrait mais très important dans le récit puisqu'il constituera une sorte de juge arbitre entre les deux antagonistes. Assez rapidement Elise (interprétée avec une parfaite justesse par la comédienne britannique Britt Ekland) va déceler chez le jeune Marcus une propension à la fabulation, la manipulation et à des pulsions d'ordre sexuelles avant de découvrir qu'elle pourraient même s'accompagner de pulsions violentes, sadiques voir carrément meurtrières. Dans un étrange jeu d'investigations et de séduction Elise va tenter de percer le mystère de ce petit garçon, tout en essayant de convaincre son père incrédule et protecteur du bien fondé de ses accusations. Un étrange et malsain ballet s'engage alors dans lequel Marcus ne cesse de provoquer Elise qui se retrouve dans un engrenage de chantage et de compromission dans lequel elle se retrouve prête à accepter de s'exhiber pour obtenir de précieuses révélations. Car si les plans les plus explicites (mais très soft) ont souvent étés coupés des versions exploités dans différents pays il est bel et bien question ici de sexualité infantile et de pulsions incestueuses entre un gosse perturbé, voyeur et manipulateur et une jeune femme (mère par substitution) un peu trop prête à tout pour persuader l'homme qu'elle aime de la dangerosité de son cher fiston. Petit à petit le film glisse insidieusement la possibilité d'une double lecture avec l'introduction d'un doute sur la personnalité d'Elise. Est ce que ce gamin est vraiment odieux et dérangé ou est ce Elise qui elle même pourrait être instable et tout faire par jalousie pour l'éloigner de l'amour et de l'attention trop magnanime et démesuré de son père ? Une chose est certaine le film ne livre pas une unique grille de lecture avec des gentils, des méchants et une bonne morale en guise de conclusion. Bien au contraire même le film s'achève de manière assez inattendue, complètement tordue, plutôt sombre mais finalement terriblement jouissive sans pour autant livrer le fin mot de l'histoire.
La mise en scène du duo Andrea Bianchi et James Kelley est assez fonctionnel mais la direction d'acteurs est franchement bonne. Britt Ekland est parfaite y compris lorsqu'elle joue la femme bourrée (ce qui n'est pas l'exercice le plus facile) et la voir doucement sombrer dans un mélange, d'impuissance, de colère et de paranoïa ouvre de magnifiques portes à la possibilité qu'elle ne soit pas fatalement la gentille de l'histoire. Dans le rôle de Marcus on retrouve le jeune comédien Mark Lester que l'on a pu voir dans Qui A Tué Tante Roo ? mais aussi dans le rôle titre du film Oliver ! de Carol Reed. Le jeune comédien dont la notoriété ne dépassera jamais la puberté (comme tant d'autres) incarne un sale gosse à la très énervante innocence et répartie dont les sourires en coin donne souvent des désirs de sévices corporels. Quant au troisième protagoniste il est solidement interprété par Hardy Krüger, une figure tellement familière du cinéma populaire que vous aurez forcément déjà croisé son visage avec une filmographie qui va de Kubrick à Lautner en passant par Howard Hawks, André Cayatte et Richard Brooks. A noter également la bonne bande originale du film signée par Stelvio Cipriani (Grand compositeur de bis italiens) car les petites ritournelles proches d'une berceuse pour accompagner les apparitions d'un sale gamin ça fonctionne toujours du tonnerre.
L'enfant De La Nuit est une belle petite surprise , sulfureux dans ses thématiques mais jamais graveleux à l'écran, le film nous embarque dans un solide suspens et quelques fausses pistes pour aboutir à un final aussi sombre que détonnant.