Très surprise par la qualité, la justesse et la sensibilité de ce téléfilm.
J'avais vu la bande annonce, en me disant encore un mélodrame qui exploite un fait divers, encore un. Sans moi alors...
Je n'apprécie pas les téléfilms. Donc un hasard.
Il est excessivement rare qu'une chaîne traite de la maladie mentale (même épisodique) avec justesse, sans caricature, psychologie de comptoir, pathos, simplification, recherche d'audimat, dans une œuvre de fiction.
Ce film ne sonne pas faux, les réactions égoïstes ou apeurées des amis, la belle-mère, les condamnations à l'emporte-pièce de gens qui jugent avant d'essayer de comprendre ou de ressentir (les voisins et journalistes qui en remettent une couche , la juge qui coupe la parole, surtout très réaliste)
Quand la France a pris connaissance du nom de Courgeot et de l'affaire des bébés congelés, comment ne pas être glacé d'horreur? Comment une telle chose peut exister ?
Je n'ai pas d'avis concernant ce fait divers, c'est une autre affaire, je n'y étais pas, je ne connais pas la famille ni leur psy. Difficile de savoir quel est le degré d'irresponsabilité de la mère, surtout que c'est un acte répété (plusieurs naissances), ce qui n'est pas le cas du film, et, sauf erreur de ma part, son discours et ses justifications ne sont pas les mêmes que celles de la protagoniste du film. Dans l'affaire Courgeot, il me semble me rappeler que le déni n'était pas complet, en tout cas, pas permanent surtout.
Le déni de grossesse existe sans aucun doute possible, il y a des preuves mesurables physiquement, physiologiquement, donc difficilement niable, c'est une pathologie qui n'est pas connue du grand public depuis longtemps, ni même du corps médical. Mais ce n'est évidemment pas parce qu'on n'a pas mis d'étiquette sur un problème ou un phénomène, ou qu'on l'a mal étiqueté, qu'il n'a pas d'existence.
Ce n'est pas parce qu'il existe que l'infanticide n'existe pas, chaque cas étant différent et non étiquettable dans une grande boîte. On ne peut parler que du cas du film. Ça raconte l'histoire d'une femme, qui sincèrement ne savait pas qu'elle était en train d'accoucher. On ne comprend pas les racines psychologiques de cet "accident" psychologique dans le film dans son passé, et ça rend cette histoire d'autant plus inquiétante et poignante. Si nous demain, on portait un enfant sans le savoir, en ayant nos menstrues, et qu'on se retrouvait subitement avec un bébé ? Si ça arrivait demain, sans prévenir, à la majorité des femmes de ce pays, combien auraient t une sorte de dissociation au moment de l'accouchement?
La nature est bien faite, ce n'est pas pour rien qu'on a quelques mois pour se préparer psychologiquement au bouleversement de la naissance d'un enfant. Mettez donc dans un petit paquet de 3kg dans les bras, du jour au lendemain, et sommez la personne "aimez-le immédiatement !".
Ça pose vraiment la question de notre fragilité à tous face à un épisode de démence traumatique.
Cependant, il ne faudrait pas tomber dans l'effet inverse et nier l'existence de mères réellement infanticides, ça existe aussi, à des degrés de sidération et de responsabilités divers, on tomberait alors dans la caricature.