Paul (François Cluzet) a tout qui lui sourit : il est propriétaire d'une belle auberge et est marié à une des plus belles femmes de la région avec qui il va avoir un enfant. Mais il finit par avoir des dettes, à subir la concurrence et va commencer à boire au point d'imaginer que son épouse Nelly (Emmanuelle Béart) le trompe...
Claude Chabrol reprend le scénario du fameux film inachevé de Clouzot qu'il connaissait relativement bien. C'est une idée intéressante puisque les 2 cinéastes ont en commun une grande passion pour Hitchcock.
"L'enfer" reprend un thème déjà exploité par Chabrol dans "La femme infidèle" mais pousse le vice plus loin: ici on ne sait pas si Nelly est vraiment infidèle. On peut avoir un doute mais cela n'est pas pareil....
Ce sujet aurait pu donner lieu à un drame mais Chabrol préfère le traiter en film à suspens . Un suspens hitchcockien où planent 2 des oeuvres du maitre : "Soupçons" et "Le crime était presque parfait".
Chabrol filme "L'enfer" du point de vue de Paul: peut-être est ce aussi la raison pour laquelle le spectateur peut se demander à un moment donné si Nelly ne le trompe pas avec le playboy séduisant joué par Marc Lavoine qui a le physique de l'emploi. En ne faisant quasiment rien , il arrive malgré tout à nous faire croire à une possible liaison.
Emmanuelle Béart était sans doute le meilleur choix pour jouer Nelly à cette époque: elle était souvent comparée à Romy Schneider , l'actrice fétiche de Claude Sautet , qui devait jouer dans le Clouzot. Et puis elle a le physique et le talent pour le jouer (SPOIL faut la voir lécher le combiné du téléphone : elle y va à fond Emmanuelle Béart !).
Mais le suspens tient en partie sur les épaules de François Cluzet (son 4ème film avec le cinéaste): Il y fait une de ses meilleures performances. On le voit peu à peu sombrer sans en faire des caisses.
Et puis évidemment la mise en scène de Chabrol nous aide à y croire. A un moment donné on ne sait plus ce qui est vrai ou faux tant Chabrol bascule dans l'onirisme pour nous mettre dans l'état mental de Paul.
"L'enfer" est un très bon cru chabrolien qui eut un joli succès commercial. La première fois que je l'ai vu j'avais été un peu déçu mais au fil des visions, je le trouve de mieux en mieux comme s'il se bonifiait avec le temps....

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le 14 janv. 2023

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