En pleine libération une troupe de soldat patiente à l'arrière-garde en espérant le retour prochain à la maison pour embrasser Cindy et jouer au base-ball avec le petit Michael. Malheureusement pour eux l'état-major à d'autres plans, ils sont renvoyé au front pour maintenir la pression sur les troupes allemandes en déroute. Mais comme dans l'armée américaine on est un peu farceur on décide d'abandonner, sans les prévenir, une petite dizaine d'hommes au sommet d'une colline afin de servir de leurre et de retenir les nazis. Comme si ça ne suffisait pas ils se coltinent Reese, un sous-officier rebelle et indiscipliné qui à le don de briser l'unité du bataillon de fortune.
Le sujet est intéressant et le charisme de Steve McQueen fait immédiatement effet dans la peau de l'électron libre qui ne peut pas vivre autrement qu'à travers les combats. Seulement le traitement est assez étrange puisque le film semble hésité entre plusieurs approches qui cohabitent finalement assez mal.
Les ruptures de ton, de rythme peuvent apporter beaucoup à un récit mais le film fait l'erreur de ne jamais entremêler ces différents approches. Le début tient du film classique, le milieu prend des allures de parodie dans laquelle on détourne tout un tas de choses pour duper l'ennemi et la fin est un pur film d'action dramatique et très premier degré avec des morts crades et des soldats qui dégueulent.
Mais finalement on n'a jamais le sentiment de suivre un même film, le passage d'un acte à un autre est trop grossier, expédié et finalement on ne comprend plus trop où veut en venir le film.
S'il existe une ambiguïté sur le discours du film (montrer que les officiers sont des cons ? montrer que les soldats sont des héros, montrer que la guerre broie les individus ?) elle ne semble jamais vraiment entretenue de façon consciente et aucune hypothèse ne semble suffisamment exploitée pour vraiment s'affirmer.
Don Siegel s'empêtre lui aussi un peu dans ce patchwork filmique, ses scènes de vie décalée sonnent assez faux, il faut bien l'avouer. En contre-partie il accouche d'une scène de discussion dans un bar tout à fait alléchante et d'un déminage nocturne vraiment réussi. Le film est donc loin du ratage mais également assez loin de la réussite incontestable, un brûlot brouillon qui se laisse regarder malgré un milieu de métrage pour le moins laborieux.