A priori, le film réunit deux des genres que j’aime le moins, le film de guerre et ce que l’on n’appelait pas encore un biopic.
L’Ennemi silencieux s’intéresse à un personnage nommé Lionel Crabb, qui a réellement existé. D’où l’aspect un peu « biopic » du film. Certes, cela n’a rien à voir avec ce que l’on peut voir de nos jours dans ce genre. Ici, pas de récit d’enfance du personnage, mais juste la narration des exploits qui lui ont valu la médaille du Roi George, une des plus hautes distinctions britanniques. Le film développe un aspect méconnu de la Seconde Guerre Mondiale.
Le film se déroule exclusivement dans l’enclave britannique de Gibraltar. Les alliés voudraient bien dominer cette porte d’entrée dans la Méditerranée. Mais face à eux se trouve le territoire espagnol, considéré comme une zone neutre. Et sur ce territoire se cachent des hommes grenouilles italiens qui, discrètement, posent des mines sous les navires alliés pour les faire exploser, souvent plus loin, faisant croire ainsi à un torpillage. Ce sont eux, les ennemis silencieux qui donnent son titre au film.
Le film de William Fairchild va donc se concentrer sur la riposte britannique, dirigée par Lionel Crabb. Crabb va ainsi constituer une équipe de plongeurs-démineurs. Cela passera, bien entendu, par des séances de débats où il faudra convaincre l’amirauté du bien-fondé de ses conceptions.
Si l’aspect biopic est un peu superficiel, se contentant de présenter Crabb comme un héros doté de toutes les qualités, le côté « film de guerre » est vraiment sympathique. L’Ennemi Silencieux alterne avec une belle science scènes d’action, humour et drame, le tout avec un excellent sens du rythme.
Les scènes d’action constituent sans doute le sommet du film. L’Ennemi Silencieux propose d’impressionnantes scènes d’action sous-marines. Quelques années avant Opération Tonnerre, qui constitue une référence du genre, le film de Fairchild n’a franchement pas à rougir. Que ce soit pour inspecter les coque des navires à la recherche de mines ou pour combattre d’autres hommes-grenouilles, les scènes sous-marines sont de vraies réussites.
De plus, le grand Laurence Harvey, acteur formidable dont on ne chante pas assez les louanges, est, comme à son habitude, excellent. L’ensemble se regarde avec plaisir et intérêt.