Le contraste entre l'immensité des ponts et autres infrastructures de la ville et l'extrême petitesse de ses taudis donne le ton. Face à la grande histoire, et aux conséquences sociales qui en découlent les individus sont écrasés, leurs perspectives bouchées, ou du moins biaisées.


En résulte une galerie de personnage dépeignant une société dont la seule valeur commune est désormais la survie, que ce soit en se serrant les coudes, en exploitant l'autre ou en le brisant tout bonnement. La morale n'a donc pas tout à fait sa place ici, chacun se laissant dicter sa conduite par sa soif d'un peu mieux, par ses instincts primaire ou encore un effet de groupe carnassier.


C'est bien là tout le drame du personnage de Takeshi, attaché malgré tout à ses valeurs morales bien qu'ayant cédé à une certaine facilité en se laissant entraîner dans un groupe de petites frappes dont la majeure partie des agissements le dégoûte. Il se débat tant qu'il le peu entre nécessité et obligations morales contradictoires, jusqu'au point de rupture.


Ainsi l'enterrement du soleil, avec sa photo crépusculaire aux instants quelquefois sublimes, synthétise déjà très tôt ce qui semble être le cœur du cinéma d'Oshima, peut-être encore plus à ses débuts : la dissection d'un Japon tirailler entre la nostalgie et la haine de son passé, conscient que sa vision du monde est passéiste mais que si il fait sienne celle des occidentaux il en deviendra encore plus aliéné qu'il ne l'est déjà. Tout ça avec comme point central la blessure surinfectée de la guerre au centre du gouffre séparant les générations.

ZayeBandini

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