L'Entourloupe, ou comment prendre le fric là où il n'est pas
Les POUR: Jean-Pierre Marielle en gourou de l'escroquerie, ses longs discours servis par les dialogues de Michel Audiard, quelques scènes cocasses dont celle des vaches dans l’enclos, la France rurale (Deux-Sèvres) et l'accent incompréhensible de ses habitants.
Les CONTRE: l'inutilité de Gérard Lanvin, exaspérant comme toujours, qui plus est avec son accent parisien prononcé et agaçant, une histoire qui se perd au fil du film, des seconds rôles blafards.
Pourtant bien parti, L'Entourloupe perd vite en spontanéité et en rythme. Olivier (Dutronc) et Roland (Lanvin) sont des petits truands à la semaine qui se font gauler dans une épicerie. N'ayant réussi à choper comme butin qu'une malheureuse boîte de haricots verts, ils se disent qu'il serait temps de faire un "vrai" travail. Répondant à une petite annonce, ils intègrent une équipe de vendeurs d'encyclopédies à la tête de laquelle Castelard (Marielle) va les initier. Mais en vain. N'ayant ni bagou ni technique pour inciter les paysans d'un village du Poitou-Charente à acheter les ouvrages, ils vont suivre leur mentor de porte en porte en l'écoutant baratiner ces pauvres habitants sans le sou.
Naturalisme quasi Zolien que cette équipée sauvage au cœur de la cambrousse française. Des décors bruts dans un film qu'on pourrait qualifier a posteriori de mockumentary rural. Des personnages locaux qui ont l'air de jouer leur rôle sans qu'on ait l'impression qu'ils sachent qu'on est en train de les filmer, un langage vernaculaire dont on a peine (grand peine en fait) à capter les nuances, des paysages verdoyants et paumés, une météo pour le coup exécrable.
Tout est rassemblé pour donner un caractère sombre et plombé au décor.
Alors certes, le film n'est pas mémorable mais on se laisse néanmoins guider dans les différences marquantes entre les hommes en costume qui se pointent (souvent) sans frapper aux portes, et ces paysans qui vivent dans des maisons d'un autre âge, travail à la ferme, au milieu de la boue, des poules, de chiens de garde, etc. Le Moyen-Age n'est pas loin. L'Assommoir, Germinal, Le Ventre de Paris, voilà des exemples d’œuvres de Zola qui me font penser par moments à ce film. Pour ces spécificités, ce long métrage est dans le vrai et le décalage avec ces hommes de la ville venant déranger leur quotidien, donne un caractère rustique et improbable à l'ensemble.
A noter qu'en 2001, 'Les portes de la gloire' retraçait les pérégrinations de VRP en encyclopédies.